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s’est passé à Roubaix s’est passé aussi ailleurs, par exemple à Saint-Denis, près Paris ; et si, ce qu’à Dieu ne plaise ! on faisait l’expérience d’une administration socialiste dans toutes les communes de France, toutes les communes de France ne tarderaient pas à en avoir assez. Quoi qu’il en soit, les socialistes ne sont pas aussi sûrs du terrain électoral qu’ils affectent de le proclamer, et les élections qui s’apprêtent pourraient bien leur réserver des surprises désagréables. En attendant, celles de Roubaix ont été la meilleure réponse qu’on pouvait faire au discours de M. Millerand à Firminy.

Nous avons relevé, dans celui de M. Waldeck-Rousseau à Saint-Étienne, une phrase sur laquelle nous avons promis de revenir : c’est celle où M. le président du Conseil déclarait, à propos de la loi sur les associations et de la manière dont elle serait exécutée, que le gouvernement ne se contenterait pas de « vaines apparences et de subterfuges. » Il y avait là l’annonce de quelque chose ; mais de quoi ? On n’a pas tardé à le voir.

Les radicaux, les socialistes, enfin les partis avancés sur lesquels s’appuie de préférence le ministère actuel, ont eu une grosse déception au sujet de cette loi. Leur but principal, en la soutenant et en la votant, était de supprimer les établissemens d’enseignement congréganiste, et, comme c’est surtout à ces maisons d’enseignement libre qu’ils en voulaient, plus qu’aux œuvres charitables ou aux couvens eux-mêmes, leur prétention était de les fermer immédiatement. Or, pas une seule ne s’est fermée. Ce résultat négatif, au moins sur ce point, d’une loi qu’elle avait crue plus efficace, a produit une vive irritation dans les rangs de la majorité. Le ministère a reçu des injonctions très impérieuses : il fallait qu’il fit quelque chose.

Pour l’y aider, des groupes d’action se sont constitués, soit à la Chambre des députés, soit au dehors, et ont commencé une campagne acharnée contre la liberté d’enseignement. A la Chambre, M. Carnaud, ancien instituteur, député des Bouches-du-Rhône, a formé un groupe de l’enseignement, qui a levé sa bannière contre la grande commission présidée par M. Ribot. Les projets que cette commission a finalement arrêtés, et sur lesquels elle a réussi à se mettre d’accord avec M. le ministre de l’Instruction publique, — projets très importans que nous aurons à étudier bientôt, — ne répondent en rien, on s’en doute, aux desiderata de l’extrême gauche. Elle y voit et y dénonce un trompe-l’œil, une mystification, une simple manœuvre pour détourner l’attention des objets plus graves qu’elle poursuit. En dehors de la Chambre, une ligue, qui s’est mise sous