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12 septembre 1886.

Mon cher ami,

Je suis bien en retard pour vous répondre. Mais j’ai l’excuse d’avoir été depuis quinze jours très occupé et toujours en mouvement.

La Mère S… m’a demandé de lui prêcher la retraite de ses jeunes filles. Il m’a fallu rentrer à Paris et, pendant six jours entiers, me consacrer, sans une minute à moi, à l’évangélisation de ces consciences de vingt ans. J’achève aujourd’hui ce travail inattendu, et je pars dans deux heures pour Flavigny. De là, j’irai à Dijon pour faire au nouvel évêque une visite d’ami ; puis, je viendrai passer quelques jours à Sermaise, en Seine-et-Marne, chez les R…, afin dy rencontrer les deux jeunes compagnons que j’emmène en Palestine.

Je serai de retour à Paris vers le 2S septembre, je compléterai alors mes derniers préparatifs de départ, et je vous dirai le grand adieu, le 5, ou, au plus tard, le 6 octobre.

J’espère que vous serez de retour ainsi que voir » ; femme et vos enfans.

Il me serait pénible de partir sans les revoir et sans vous revoir tous en famille, sans m’asseoir encore à votre table, dans l’intimité de notre vieille affection.

Je pense que l’air des Pyrénées et les bonnes courses dans la montagne vous auront donné à tous de belles couleurs et une bonne santé. Comme j’eusse aimé à vous suivre dans vos excursions à travers les rochers ! Mais, depuis la douce rencontre de Saint-Énogat, notre bonne étoile ne nous ramène plus dans les mêmes sentiers.

Adieu, mon cher ami, croyez à toute ma vive affection pour vous et pour les vôtres, et soyez sûr que, de près comme de loin, mon amitié est toujours pleine de tendresse et de dévouement,

P.-S. — Ai-je réussi à écrire assez gros pour vos yeux ? C’est ainsi que j’écrivais à ma chère mère.


Flavigny-sur-Ozerain, 15 septembre 1886.

Mon cher ami,

Votre dernière lettre est venue me rejoindre en Bourgogne, dans ce vieux couvent où j’aime à revenir, tant je le retrouve rempli des souvenirs de ma jeunesse, je pourrais dire de mon