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du Transvaal, étaient investis de pleins pouvoirs gouvernementaux, y compris les pouvoirs pour négocier. S’il en est ainsi, il est évident que toute solution interviendrait le plus rapidement et de la façon la plus satisfaisante par voie de communication directe entre les chefs militaires boers dans l’Afrique du Sud et le commandant en chef des troupes de Sa Majesté, qui a reçu l’ordre de transmettre immédiatement toute offre qu’il pourra recevoir, pour que le gouvernement de Sa Majesté soit en mesure d’en délibérer. »

On le voit, le gouvernement anglais, après avoir poliment décliné celle du gouvernement néerlandais, en vient lui-même à faire des suggestions, et ce n’est pas l’attitude d’un gouvernement qui ne veut pas négocier. S’il n’avait pas voulu le faire, il se serait contenté de dire pourquoi il n’agréait pas la démarche hollandaise ; il aurait même pu la repousser purement et simplement, sans expliquer ses motifs. Ce n’est pas ce qu’il fait : il donne à son tour, sur la procédure à suivre, des explications qu’on ne lui avait pas demandées. La note néerlandaise avait désigné les délégués boers sans les nommer ; la note anglaise est plus explicite, elle nomme M. Steijn, président de l’État libre d’Orange, et M. Schalk-Burger, vice-président de la République sud-africaine. On avait compris à Londres qu’ils avaient tout ce qu’il fallait pour négocier. Admettons cette hypothèse : avec qui MM. Steijn et Schalk-Burger peuvent-ils entrer en rapports ? Est-ce avec lord Milner ? Non, c’est avec le commandant en chef des troupes britanniques, et cela par l’intermédiaire des chefs militaires-boers. On reconnaît dans ce dernier trait l’influence de M. Chamberlain ; mais il semble que, pour le reste, cette influence ait été adoucie par une autre. En somme, le gouvernement anglais se borne à donner une indication qui n’a rien d’impératif, mais où la personne de lord Milner disparaît. Il indique qu’on pourrait procéder d’une certaine manière, sans en exclure une autre. Il n’est ferme que sur deux points : l’élimination de M. Krüger, la décision que les négociations auront lieu en Afrique. « Le gouvernement de Sa Majesté, dit lord Lansdowne, a décidé qu’il en serait ainsi en ce qui concerne le lieu des négociations. » Si les Boers veulent la paix, ils savent maintenant où et comment ils doivent la proposer. À défaut d’autre avantage, la démarche de M. Kuyper a eu du moins celui-là pour eux. Le gouvernement anglais, sortant de l’immobilité et du silence où il s’enfermait, a fait connaître sa pensée sur la manière dont les négociations devaient être engagées. Il a donné sur ce point une véritable consultation qui témoigne, après tout, de son désir de voir ses conseils écoutés et