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seulement recouverte de bronze ; les traces qui restent de la dorure antique marquent pour lui l’apparition lente de la masse précieuse sous l’action du temps ; et il affirme que, quand l’or sera tout visible, le jour du Jugement dernier sera proche. Le Panthéon, — la Rotonde, la Ritonna, comme l’appellent les Romains, — le Colisée, er Culiseo, la Plazza Navona avec ses fontaines du Bernin, la Villa Borghèse, les Loges de Raphaël sont ainsi décrits par un cicérone sans prétentions qui les revêt de couleur locale et leur restitue la vie légendaire dont les histoires de l’art les dépouillent.

On ferait de même, à l’aide des sonnets de Belli, une sorte de calendrier romain où les fêtes apparaîtraient, non pas en mentions sèches, mais avec le cortège d’impressions qui en accompagne le retour dans l’a me des petites gens. Le 25 novembre, jour de Sainte-Catherine, n’éveille guère d’émotion chez nous que dans le cœur des vieilles filles ou de celles qui ne veulent pas l’être. A Rome, le jour s’approche enveloppé déjà de la poésie intime de l’hiver qu’il annonce, et le Romain n’y songe pas sans entendre dans le lointain chanter l’allégresse de Noël : « D’aujourd’hui en huit, sainte Catherine : on descend les nattes dans les escaliers, on enlève au lit la couverture mince, on allume le feu… Le temps qu’il fera ce matin-là sera celui de Noël. Qu’est-ce que dit l’almanach ? Gelée blanche ? Tu verras aussi à Noël la gelée blanche. Les pifferari commencent déjà à descendre de la montagne vers les marais, avec leurs petits manteaux si jolis. Quelles belles chansons ! C’est tout juste celles que chantaient les pasteurs à Bethléem, le jour de la crèche de Notre-Seigneur. »


E ccominceno ggià li piferari
A cculà dit montagna a le maremme
Co’cquelli farajoli tanti cari !


Cite bbelle canzoncine ! ogyni pastore
Le cantò spiccicatc a Bbettalemme
Ner giorno der prescpio der Zlignore.

Le jour de Noël, on va admirer à l’église de l’Ara Cœli, qui s’élève sur le Capitole à la place du temple de Jupiter Capitolin, la crèche que les Franciscains exposent, avec l’Enfant Jésus, le Bambino miraculeux. Entre saint Joseph en perruque et en manchettes et la sainte Vierge « vêtue de dentelle et de brocart d’or de Turquie, » il est, sur la paille, « mieux emmailloté que le