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personnes au maximum, dont le président et le vice-président seraient désignés par le ministère de l’Intérieur (Local government Board). Cette future administration rachèterait les entreprises actuelles à l’amiable ou d’après arbitrage. Les sommes nécessaires à ce rachat et à la réorganisation du service devraient être empruntées sous forme d’obligations à 3 pour 100. Au cas où les produits ne suffiraient pas à assurer le service financier, la future entreprise devrait relever les tarifs. Cette éventualité a jeté un certain froid parmi les partisans des projets ébauchés par le Conseil de comté et l’hostilité contre les compagnies est moins vive. Sir A. Binnie, l’auteur des projets techniques, considéré par beaucoup de gens comme l’homme nécessaire au succès de la réforme, s’est retiré du service du Conseil de comté ; les ingénieurs des compagnies ont amélioré leurs distributions : bref l’expropriation des sociétés actuelles semble ajournée sine die.

Le mode de vente de l’eau est tout à fait différent de celui de Paris. Il repose sur la fourniture à forfait d’une quantité indéterminée. Chaque maison possède un réservoir d’une capacité calculée sur le nombre des habitans et qu’on doit emplir à une heure fixée d’avance, ou bien est alimentée par un robinet libre qui coule à des heures réglementaires. Le prix n’est pas proportionnel à la quantité d’eau consommée, mais à la valeur locative de la maison ou des locaux desservis.

Les compagnies des eaux de Londres font avant tout leurs affaires, et il serait naïf de leur en faire grief. Comme elles livrent de l’eau refoulée et que le prix de l’eau refoulée varie avec la hauteur de refoulement, leurs tarifs sont différens selon le niveau moyen des quartiers et toute prise d’eau établie à plus d’une certaine hauteur au-dessus du pavé de la rue donne lieu à un supplément de taxe. Cette hauteur-limite varie entre 3 et 6 mètres suivant les compagnies, c’est-à-dire affecte le 1er  ou le 2e étage. Pour les habitations petites et moyennes, le prix annuel varie entre 4 et 6 pour 100 du loyer ; pour les gros loyers, à partir d’une limite, très différente d’une compagnie à l’autre (de £ 100 à £ 500), le taux diminue de 1 pour 100. Cette progression à rebours, qui avantage les riches consommateurs, est encore accentuée dans les quartiers hauts, par exemple à Lambeth, où la taxe varie de 7,50 pour 100 pour les loyers de 500 francs par an à 5 pour 100 pour ceux de 5 000 francs et au-dessus. Enfin l’eau destinée aux water-closets, salles de bains, ou robinets de