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d’une température constante, fraîche en été et non glaciale en hiver, ils n’en voulurent plus d’autre pour la consommation. Les restaurans et les cafés affichaient : eau de la Dhuis ; les propriétaires avisés annonçaient sur leurs immeubles ou sur leurs écriteaux de location : eau de source à tous les étages. Paris réclama davantage d’eau pure, et d’autres adductions durent être opérées.

En 1868, commencèrent les travaux de dérivation de la Vanne, qui furent interrompus en 1870, mais qu’on put cependant achever en 1874. La Vanne prend naissance dans l’Aube à 14 kilomètres de Troyes et va se jeter dans l’Yonne un peu en amont de Sens. Son débit est d’une régularité remarquable.

Les sources captées dans le bassin de la Vanne forment deux groupes : les sources hautes et les sources basses. Alors que les eaux du premier groupe, conformément à la conception initiale de Belgrand, émergeant à une altitude moyenne de 122 mètres au-dessus du niveau de la mer, parviennent jusqu’à Paris par la simple action de la gravité, celles des sources basses, dont l’altitude est comprise entre 93 et 88 mètres, doivent être refoulées, soit par des machines hydrauliques, soit par des pompes à vapeur, dans l’aqueduc collecteur, qui a 173 kilomètres de longueur.

En y comprenant l’adjonction des sources de Cochepies, qui, jaillissent un peu en aval de Villeneuve-sur-Yonne, et qu’un aqueduc secondaire va conduire à l’usine hydraulique de Maillot, sur la Vanne, qui remonte ces eaux dans l’aqueduc principal, l’ensemble des dérivations du bassin de la Vanne fournit environ 130 000 mètres cubes par 24 heures en toutes saisons. C’est dans ce groupe que sont comprises les sources captées autrefois par les Romains pour l’alimentation de Sens et dont l’étude fit naître le projet de Belgrand.

L’eau de la Vanne est arrivée pour la première fois à Paris le 12 août 1874, mais le service régulier n’a été établi que le 11 avril 1875. La dérivation des sources de Cochepies a eu lieu seulement en 1885.

La dépense totale s’est élevée environ à 43 millions de francs, y compris les réservoirs.

L’aqueduc de la Vanne aboutit à Paris sur les hauteurs de Montrouge, à côté du parc de Montsouris, dans un réservoir à deux étages, de 4 hectares de superficie et de 250 000 mètres cubes de capacité. Cet ouvrage, peu connu des Parisiens, est fort curieux à visiter.