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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mai.


Le voyage que M. le Président de la République vient de faire en Russie, et qu’il a terminé par le Danemark, nous a détournés pour un temps de nos préoccupations intérieures. Les divisions de partis se sont effacées devant un grand fait national. L’occasion est trop rare pour que nous n’ayons pas été heureux de la saisir.

Ce n’est pas que le voyage de M. Loubet pût nous apprendre grand’chose de nouveau. On ne s’attendait à rien de pareil. Tout a été dit aujourd’hui sur l’alliance franco-russe. La paix repose sur des assises plus sûres depuis qu’elle fait équilibre à la Triple-Alliance ; et c’est un motif pour ne pas plus la cacher qu’on ne cache celle-ci. À ce point de vue, le voyage de M. le Président de la République s’est trouvé avoir, sans qu’on l’ait cherché, une opportunité particulière. De quoi parle-t-on aujourd’hui en Europe ? Quel est le sujet de toutes les préoccupations ? La question du jour est le renouvellement de la Triple-Alliance. Elle sera, en effet, renouvelée ; on peut même dire qu’elle l’est, car, si la chose n’est pas encore faite, c’est tout comme. À cette affirmation du renouvellement de la Triple-Alliance, celle du maintien de l’alliance franco-russe s’est trouvée répondre à propos. Le voyage de M. le Président de la République en Russie était décidé avant celui de M. le comte de Bulow à Venise et à Vienne ; mais les circonstances en ont fait, en quelque sorte, la contre-partie de celui-ci, et les deux groupemens européens apparaissent, l’un par rapport à l’autre, plus solides que jamais. Voilà ce qui ressort du voyage présidentiel, et quelle en est la signification très sérieuse. Il ne pouvait d’ailleurs pas provoquer les mêmes élans d’enthousiasme que ceux d’autrefois : il ne pouvait produire que de la