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n’osaient pas se découvrir et, empêchés de viser, n’utilisèrent pas leurs fusils comme d’habitude.

« L’infanterie anglaise put alors, presque sans être vue, se glisser dans une dépression marécageuse que les Boers croyaient impraticable ; les tirailleurs arrivèrent près de la ligne de défense, et, quelques groupes étant parvenus à s’établir sur le flanc, les Boers durent plier.

« Dans ces différens combats de front, ce fut toujours l’initiative de certains groupes de tirailleurs qui amena le succès.

« En aucun cas, il ne fut donné par une poussée venue de l’arrière.

« Il arrivait aussi quelquefois que l’intervention de troupes apparaissant inopinément sur une portion du champ de bataille, restée jusqu’alors plus ou moins en dehors de l’action, décidait du combat. Les flancs de l’adversaire servaient d’objectif et pouvaient ainsi se trouver entre deux feux.

« L’irruption se produisait parfois sur tout autre point. Il était surtout important que les troupes eussent pu s’avancer à l’abri des feux, gardant intacts leur élan et leur force d’action.

« Ce qui déterminait leur direction de marche et leur objectif était non pas telle particularité de la ligne de défense, mais simplement l’orientation et le débouché du couloir topographique qui avait favorisé leur approche. Ainsi, l’issue de la lutte était souvent le résultat d’un incident de la bataille, au lieu d’être amenée par une série d’efforts convergens et d’énergie croissante dirigée par le commandement supérieur.

« La combinaison d’un combat sur le front avec une intervention sur une aile, ou une irruption sur un autre point, ne saurait être considérée comme une garantie de succès dans l’offensive. Il a été remarqué, en effet, que, dès que la défense peut faire face à ces nouvelles directions d’attaque, elle les transforme aussitôt en attaques de front, qui se trouvent rapidement paralysées. »

Après n’avoir pratiqué, au début de la guerre, que des attaques de front, les Anglais en sont donc arrivés par les leçons de l’expérience à les éviter le plus possible. Le front étant dès lors considéré comme presque inviolable, c’était sur les flancs et les derrières qu’il fallait agir. Cette nouvelle tactique, exigeant une grande mobilité et une action à large envergure, a trouvé son