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Celui-ci, qui constitue le port, se compose d’un bassin présentant un kilomètre environ de longueur, dont le plan d’eau a une largeur de 60 mètres à mer basse, bordé à droite et à gauche par deux digues insubmersibles. Sur la digue de la rive gauche, qui prend naissance au barrage inférieur de l’écluse, sont accolés cinq embarcadères en charpente. Tout le long courent des voies ferrées reliant la Ferté à Noyelles parle grand viaduc de 1 400 mètres qui ferme la baie de Somme et se soudant à la ligne de Paris à Calais.

À l’aval des quais de la Ferté et presque en ligne droite jusqu’au Hourdel, on a établi une digue de halage de près de 5 kilomètres, qui forme la clôture défensive et comme le quai maritime de la plaine des Bas-Champs ; et, pour maintenir le courant maritime de la Somme au pied de cette digue, on a construit vis-à-vis, sur la rive droite, une jetée submersible de près de 3 kilomètres. L’ensemble de ces travaux donne à Saint-Valéry l’aspect d’un port de canal plutôt que d’un port de mer. Le mouvement commercial y est cependant assez considérable, et dépasse 50 000 tonnes. Il se compose en général de houilles anglaises, de bois du Nord, de jutes, de fontes, de résine, de goudrons apportés par des bateaux anglais, norvégiens, allemands, qui retournent presque toujours sur lest, mais remportent quelquefois des denrées agricoles ou des galets. On n’arme plus à Saint-Valéry pour la grande pêche. Une cinquantaine de petits bateaux pontés y font seulement la pêche locale dans la baie ou dans les passes du port, et donnent aux quais de la Ferté une très grande animation. Les vrais ports de pêche du pays sont en réalité Cayeux et le Crotoy. C’est là que sont les hommes de mer.


VI

De l’embouchure de la Somme au massif jurassique du Boulonnais, dont les falaises se détachent comme un éperon avancé de la masse des terrains crétacés qui constituent la majeure partie de la Flandre et de l’Artois, la côte, sur près de 40 kilomètres de longueur, offre à peu près le même aspect. Tout d’abord, un large estran de sable très fin, présentant une très faible pente et une grande mobilité ; à la suite, plusieurs chaînes de dunes mouvantes de formation récente ; par derrière, des flaques d’eau, de