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lue aux Chambres le 10 juin, en dit certainement moins à ce sujet que la présence simultanée dans le cabinet de MM. Combes, Vallé et Trouillot.

« La loi des associations y lisons-nous, est entrée dans ta période d’application administrative et judiciaire. Le gouvernement tiendra la main à ce qu’aucune de ses dispositions ne demeure frappée d’impuissance. » C’est tout, et, en soi, cela ne veut pas dire grand’chose. Puisqu’on avait un gouvernement purement radical, il fallait bien s’attendre à ce qu’il promit d’appliquer une loi dans laquelle la dernière Chambre et le dernier ministère ont mis leur plus grande pensée. S’il ne l’avait pas fait, la majorité l’aurait renversé tout de suite : il l’a donc fait, mais avec une certaine discrétion. Au reste, c’est là le caractère de la déclaration ministérielle tout entière. Sans doute, il y a par-ci par-là des satisfactions de mots données aux partis avancés : mais ceux-ci ne s’y sont pas trompés, et ils ont fait en somme assez grise mine à un morceau oratoire qui leur a paru fade. Ils avaient espéré mieux. La déclaration dit par exemple, qu’« une partie du clergé » a eu le tort de « descendre dans l’arène électorale. » et qu’il y aura lieu d’examiner si les moyens d’action dont le gouvernement dispose aujourd’hui suffisent à empêcher le retour de tels écarts. Comment : une partie du clergé ? Quand M. Combes a lu ce passage de la déclaration, des voix nombreuses se sont élevées à gauche pour protester contre une pareille restriction. C’est tout le clergé qu’il aurait fallu dire ! Il aurait fallu promettre la séparation de l’Église et de l’État, seule mesure efficace pour mettre celui-ci hors des prises de celle-là ! Or, de la séparation de l’Église et de l’État, M. Combes n’a pas dit un seul mot. Il a parlé de l’abrogation de la loi du 15 mars 1850, c’est-à-dire de la loi Falloux, mais en même temps il s’est prononcé contre le rétablissement du monopole universitaire. Faiblesse, ont crié les radicaux ; et le lendemain, les journaux du parti répétaient à qui mieux mieux le mot de défaillance ! Le fait est que nous ne comprenons pas très bien qu’on supprime ce qui reste de la loi Falloux sans rétablir le monopole universitaire, puisqu’il n’en reste guère que le principe de la liberté. Si on supprime purement et simplement les quelques articles de la loi de 1850 qui subsistent encore, le monopole universitaire se trouve rétabli ipso facto, sans qu’on ait besoin de le stipuler. On se trouvera reporté au régime antérieur. Mais M. Combes ne l’entend pas ainsi : il se contente de dire qu’il veut restituer à l’État « des droits et des garanties qui lui font absolument défaut. » Qu’est-ce que cela signifie ? M. Combes se propose-t-il d’exiger des garanties de