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tactique. Elle fut simplement brave. Était-ce donc suffisant ?

Cependant son armement était excellent. La plupart des régimens était dotés du fusil de cavalerie modèle 1869, les autres avaient l’ancien fusil de dragon, transformé, en 1867, au système Chassepot : mais, pour s’en servir, il aurait fallu mettre pied à terre, et la cavalerie ne le voulait pas.

Après les désastres de Sedan et de Metz, les Allemands s’empressèrent d’armer leur cavalerie avec nos carabines tombées entre leurs mains et dont nous n’avions pas su faire usage.

Il semble que tout au moins notre cavalerie pouvait battre l’estrade. Elle se désintéresse de ce service. Elle reste en masses, se réservant pour la bataille. Aussi, dès l’ouverture des hostilités, les alertes commencent et se succèdent sans interruption jusqu’à Sedan.

À Wissembourg, au lieu de lancer de la cavalerie au loin, de lourdes reconnaissances sont envoyées les 2, 3 et même 4 août de grand matin. Elles rentrent de bonne heure, ne voient rien, mais leurs mouvemens renseignent parfaitement l’ennemi. La division Douay est attaquée au moment où elle s’y attend le moins.

Le 29 août, à Beaumont, c’est notre 5e corps (général de Failly) qui est surpris à midi dans ses bivouacs, sans aucune organisation de surveillance.

Cette échauffourée nous coûte 4 800 hommes et 42 bouches à feu. Notre cavalerie n’avait su renseigner ni sur l’approche ni même sur l’arrivée de l’ennemi, et cependant elle était prévenue, puisque, la veille, une colonne allemande avait été rencontrée à Nouart. Elle continue à se mouvoir en lourdes divisions et, dès lors, laisse le champ libre à toutes les patrouilles de l’adversaire. C’est au point qu’à Beaumont, un des escadrons de celui-ci vient à la lisière des bois contempler notre camp, pendant que le commandant de la colonne prussienne, prévenu sans retard, accélère la marche de l’infanterie de son avant-garde et fait rapidement mettre en batterie, près de Petite-Forêt, 24 pièces qui ouvrent soudain le feu sur le 5e corps alors en pleine quiétude.

Les rapports sont pleins de récits de surprises analogues à celles de Wissembourg et de Beaumont.

Combien la situation eût été différente, si notre cavalerie s’était inspirée des procédés de Stuart ou de Sheridan !

À la fin de juillet, dans la concentration hâtive de notre