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la presse, de la politique, mais rattaché par la loi aux croyances qui rendent l’âme forte et le devoir facile. Je viens raconter simplement comment, par la grâce de Dieu, la vérité chrétienne m’est apparue et pourquoi je l’aime. » Cochin n’était pas un rêveur, bien qu’il goûtât fort la poésie ; c’était un esprit scientifique, méthodique, très peu enclin à une vague métaphysique, mais avide, au contraire, de faits, de réalité. Il avait vécu dans l’action. Nul n’était d’humeur plus indépendante, ni de raison plus fière. Sa nature correspondait donc aux préoccupations de ce temps, accoutumé à tout rapporter à l’observation précise et au jugement libre.

Divisé en quatre parties, — Dieu, la Vie humaine, la Rédemption, le Temps présent, — ce livre n’aboutit à aucune conclusion qui n’ait pour point de départ des faits. S’il affirme Dieu, c’est parce que l’observation de la nature, du plus petit fait de la nature, présente, dans le moindre détail, des combinaisons et un dessein qui ne peuvent venir de la créature, et obligent à affirmer qu’il y a, au delà des sens, un esprit souverain ; c’est parce que, constatant qu’il y a une cause et que ce n’est pas lui, une perfection et que ce n’est pas lui, une vérité et que ce n’est pas lui, il constate en même temps que cette cause, cette perfection, cette vérité lui apparaissent en lui-même, dès qu’il réfléchit : au fond de son esprit, il sent la présence d’un esprit autre, et, s’il peut se défendre de cette vision, il ne peut s’en défaire.

Regarde-t-il du côté de la vie, du côté de la créature humaine, il observe que plus on avance dans la découverte des lois universelles, plus elles dénotent un ordre parfait et une souveraineté sans limites, tandis que, dès que l’on touche aux lois qui concernent les hommes et leurs relations avec la nature terrestre, on constate un ordre imparfait, une souveraineté bornée. De toutes parts s’élève vers un sauveur le cri de la nature meurtrie, le cri d’une volonté blessée. — Un être qui n’atteindrait pas sa fin, qu’un lourd et stupide destin écraserait, serait un non-sens. — La chute de notre race et l’infirmité de notre volonté mènent à l’effort de toute notre existence pour se relever, et à l’espoir d’une seconde existence. — L’homme est conduit dans la vie par quelqu’un de meilleur que l’homme, à quelque chose de meilleur que la vie.

Cochin résume sa foi chrétienne en la croyance à trois grands faits : la Création, la Rédemption, la Résurrection. Au-dessus de