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Chaque croyant est ici un témoin, un voyageur qui connaît la traversée. Qu’y a-t-il au delà de la mort et comment le savoir ? Nul n’en est revenu. Mais, au delà des sacremens, qu’y a-t-il ? La paix, la joie, la force, la lumière. On en est revenu et l’on peut l’affirmer. Il en est de ce voyage comme de la visite aux malheureux. Je puis vous affirmer que vous descendrez de la mansarde humble et rafraîchi avec l’âme chaude. Ici le témoignage est la seule preuve, mais souveraine. »

Tel est ce livre, dont le but est de prouver que la foi est belle, qu’elle est possible, qu’elle est certaine, et qui a pour ambition de la rendre accessible, de la propager. Il s’inspire, dans sa méthode, d’une sorte de positivisme chrétien. Cochin n’est pas de ceux qui séquestrent la foi, sous prétexte de la mieux préserver, qui sont pressés de condamner, d’exclure quiconque pense autrement qu’eux, qui mettent une sorte de complaisance à restreindre le nombre de leurs coreligionnaires ; il n’est pas de ceux, non plus, qui, pour faire accepter leurs croyances, en diminuent le caractère et la portée, et qui, volontiers, se prêteraient à des compromis. S’il n’hésite pas à aller au delà des frontières, à porter jusque dans les camps opposés la parole de paix, si, partout où il rencontre une parcelle de vérité, il s’applique à profiter de ce point de contact, s’il tend la main aux frères séparés, à tous ceux qui, cherchant la vérité d’un cœur sincère et avec le désir de la servir, font partie de l’âme de l’Eglise, si, en un mot, il met en pratique sa maxime : dilatamini, aucune considération au monde ne pourrait l’entraîner à une concession téméraire, faire dévier ses croyances religieuses, solides comme le roc, le séparer un instant des enseignemens et de l’autorité de l’Eglise catholique. Il représente plus particulièrement une des forces qui existent dans cette Eglise, comme dans toute association renfermant en elle-même les conditions de vitalité et de durée, la force qui porte en avant les hommes d’initiative, d’élan, préoccupés d’étendre l’action de la société dont ils sont membres, de lui faire réaliser d’incessans progrès, d’appeler à eux des adhésions nouvelles. Mais, à côté de cette force, il sait qu’il en existe une autre qui, s’appuyant sur l’expérience et la sagesse, est la gardienne fidèle du patrimoine commun, le conserve dans son intégrité, le met à l’abri des surprises et des aventures. Nul n’a mieux compris ni plus admiré que Cochin le grand rôle de la Papauté, chargée de pondérer