leur faire dire tant de choses, qu’aucun ne s’est trouvé capable de répondre, — à bas prix, — à toutes les questions qu’on lui posait.
Pour qui a voyagé hors de France, il ne semble pas que le compteur soit indispensable à une capitale pour vivre heureuse. Si nous laissons de côté New-York, où il n’existe pour ainsi dire pas de fiacres et où la plus petite course se paie 5 francs, nous voyons qu’à Londres l’organisation est la même que la nôtre. Les hansoms et les cabs à quatre roues appartiennent à 3 600 loueurs, — contre 1 423 à Paris, — dont 2 000 conduisent leur propre véhicule. Les autres cochers, au nombre de 11000, travaillent à la « moyenne » et paient, à peu près comme chez nous, 15 fr. 30, soit à de petits patrons, soit à quatre grandes compagnies. Le prix des courses est de 1 fr. 25 pour 1 600 mètres, avec augmentation de 0 fr. 63 par 800 mètres. Et personne ne réclame de compteurs.
Si l’on tient à cet appareil, il ne paraît pas non plus qu’il soit difficile de s’en procurer de fort simples et peu coûteux, puisque les voitures de Vienne et surtout de Berlin sont munies de compteurs, dont le cadran indique au voyageur soit la distance parcourue, soit la somme dont il est redevable. Le chiffre initial de 0 fr. 62 s’accroît, après le premier kilomètre, de 12 centimes par 200 mètres. Les Parisiens ne descendent pas au-dessous de la « petite course » à 1 franc ; encore est-elle facultative pour les automédons, avec qui les femmes, les étrangers, les gens timides, hésitent à entrer en négociations, crainte de voir leurs propositions ironiquement accueillies.
Les fiacres doivent marcher, — théoriquement, — à la vitesse maximum de 8 kilomètres à l’heure ; un arrêté préfectoral, vieux d’une quarantaine d’années, l’a ainsi réglé. Pratiquement, ils font 12 et même 14 et 15 kilomètres à la course. C’est peut-être même leur principale raison d’être, depuis la multiplicité récente des transports à bon marché et à itinéraire fixe, qui font en général ces huit kilomètres à l’heure et auxquels le public reproche d’aller trop lentement.
Ce grief, fût-il fondé, ne saurait faire oublier les services rendus, pendant la seconde moitié du XIXe siècle, par la