Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 13.djvu/608

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

changé dans cette industrie, sauf son ancien titre ; mais tout n’a pas changé dans la même proportion que le trafic, qui, de 1855 à nos jours, a presque décuplé.

Le personnel a seulement quadruplé : de 2 400 à 10 000 agens de toute sorte ; le matériel n’a guère fait que quintupler : de 400 à 2 122 voitures ; le capital engagé est vingt fois plus fort (parce que les automotrices actuelles n’ont rien de commun avec les types d’autrefois) : de 7 millions et demi il est passé à 150 millions. Les impôts, droits et redevances payés sous diverses formes, tant à l’Etat qu’à la Ville, sont huit fois et demie plus élevés : de 713 00 francs à 5 863 000 francs. Il n’y a que le bénéfice net qui ait décru ; il est tombé au tiers de ce qu’il était à l’origine : de 1 470 000 à 539 000 francs. Aussi les actionnaires, comme ceux des Petites voitures, n’ont-ils touché l’an dernier aucun dividende. Le contraste est piquant ; il fait réfléchir.

Le personnel apparent des omnibus, cochers, conducteurs et contrôleurs, ne constitue pas la moitié de l’effectif réel. Les usines, les dépôts, l’entretien des voies, occupent près de 6 000 individus. La compagnie fabrique elle-même tout ce qui lui est nécessaire ; grâce à ce système, un omnibus de 30 places ne lui revient pas à plus de 4 000 francs. Chaque année elle répare 15000 roues et en réforme un millier de vieilles. C’est dire qu’il n’est pas de voiture qui n’aille plusieurs fois par an aux ateliers. Les simples cadrans, qui sonnent et comptent les voyageurs, occasionnent une dépense annuelle de 60 000 francs.

Le cheval d’omnibus, de 100 francs plus cher que le cheval de fiacre, comme achat, coûte presque moitié plus à nourrir, — 1 fr. 75 au lieu de 1 fr. 20 par jour, — quoique sa ration, dans laquelle la mélasse a récemment été expérimentée, soit l’objet d’une constante sollicitude en vue de réaliser des économies. Dans ces écuries de 17 000 chevaux, où la vente seule des fumiers se chiffre par 500 000 francs, une différence d’un centime est de grande conséquence. La distance quotidiennement parcourue par chaque attelage, — un seul voyage, aller et retour, soit 15 à 16 kilomètres, — est trois fois moindre que celle des bêtes de fiacre. Aussi leur usure est-elle moins rapide : ils servent en moyenne six ans et demi aux tramways et cinq ans aux omnibus, où la traction est plus rude et le coup de collier plus fréquent ; bien qu’un frein très puissant, constitué par une corde qui s’enroule autour du moyeu, atténue les brusques arrêts.