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ans avant l’avènement de Sixte IV, par Nicolas V, et dont Alexandre VI devait compléter la défense en élevant la torre Borgia. Le rectangle irrégulier formé par les constructions du XVe siècle reposait lui-même sur les fondations d’un château bâti en 1278 et abandonné pendant le séjour des papes en Avignon. Nicolas V ne fit que reprendre et achever une construction de Nicolas III. Le Vatican du XIIIe siècle avait une chapelle, que les architectes du XVe siècle laissèrent intacte : c’est sur l’emplacement du vieil oratoire pontifical que Sixte IV fit élever la chapelle neuve. Un humaniste attaché à la cour romaine vante en ces termes l’œuvre du pape : « Ici, où s’élève dans les airs un temple à la voûte semée d’étoiles, pour que la foule puisse de plus près voir les dieux, tombaient de vétusté des murs à peine dignes du nom de chapelle. Sixte eut honte de voir les dieux réduits à une telle misère : il ordonna d’élever une masse si haute qu’on la croirait bâtie par des mains immortelles. » Ce témoignage d’un contemporain est clair et formel. La Sixtine, qui conserve l’allure belliqueuse des palais italiens du XIVe siècle, tenait par ses fondations mêmes au tuf du moyen

Le pavement de l’édifice bâti sur l’emplacement de la chapelle de Nicolas III est encore une mosaïque imitée de celles qui furent étendues, au XIIe et au XIIIe siècle, sur le sol des basiliques romaines par les marbriers romains. C’est un tapis aux méandres multicolores, dont les enroulemens, dessinés par une marqueterie de fragmens taillés en figures géométriques, encadrent des disques qui sont des tranches de colonnes rompues. Parmi les matériaux antiques s’est glissée une plaque de marbre provenant d’une catacombe chrétienne, et sur laquelle un graffitto dessine le monogramme en forme de croix, flanqué de l’Alpha et de l’Oméga.

Sur ce pavement, qui a peut-être été composé avec des morceaux provenant de la chapelle pontificale du XIIIe siècle, fut élevée en travers de la nef une balustrade de marbre, surmontée de sept pilastres qui supportent une longue poutre de marbre. La clôture à jour, renforcée par une grille et fermée par une porte, séparait la chapelle du pape en deux parties égales[1] : une

  1. Cette balustrade s’appuyait autrefois à la tribune des chanteurs, ménagée dans le mur, au milieu du vaisseau ; elle a été reportée, vers 1575, plus près de l’entrée, à la place où elle se trouve encore.