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23 églises, et 48 localités où le service religieux se célébrait, soit régulièrement, soit de temps à autre ; on a vu s’installer, depuis quatre ans, 26 vicaires, s’édifier 17 églises, des offices ou prêches se célébrer en 60 localités nouvelles ; et la surintendance évangélique de Bohème a été dédoublée. La Styrie, en 1898, était répartie entre 6 cures protestantes ; 8 ecclésiastiques pourvoyaient aux besoins du culte, et 17 localités seulement (y compris les endroits où vivaient ces pasteurs) bénéficiaient d’un service religieux, hebdomadaire ou intermittent ; cette province possède à présent 9 presbytères et 8 vicariats, 21 ecclésiastiques, et le service évangélique est désormais connu dans 60 bourgades environ.

Autre chose est de compter, autre chose est de peser. Les pasteurs hostiles à l’agitation font observer que beaucoup de ces paroisses n’ont qu’une poignée de fidèles, que ce sont des créations factices, que ces fidèles eux-mêmes ne sont protestans que de nom, et que, malgré les succès apparens de la Réforme, on voit s’éteindre, faute de public, un journal évangélique comme l’Alpenbote, de Cilli, qui semblait destiné à bénéficier de ces succès et surtout à les accroître. Les propagandistes répliquent que le mouvement, de national, est devenu religieux, et que, derrière la haute stature de Bismarck, les convertis ont fini, Luther aidant, par apercevoir le Christ et par s’attacher à lui. Du côté adverse, on ne partage point cet optimisme ; maison accorde, — et c’est le seul fait dont on se réjouisse, — que l’agitation Los von Rom a eu ce résultat, indirect et involontaire, de faire ressouvenir l’Église évangélique d’Autriche de certaines ouailles qui étaient à elle, bien à elle, et qu’elle ignorait. En beaucoup d’endroits de Styrie survivaient des familles évangéliques à peu près délaissées, très éloignées du plus prochain pasteur ; les nouveaux prédicans, sans les chercher, les ont rencontrées ; elles ont repris conscience de leur filiation luthérienne ; elles forment, aujourd’hui, des noyaux sérieux pour une sérieuse propagande évangélique. Tandis qu’en Bohême l’agitation Los von Rom n’a guère fait qu’échauffer des cerveaux, en Styrie au contraire les allées et venues d’un souffle évangélique, si vicié qu’il fût par des élémens hétérogènes, ont pu réchauffer un certain nombre d’âmes isolées et désertées ; et foncièrement incapables de susciter une vie religieuse nouvelle chez les catholiques qu’ils se flattent de gagner, les propagandistes ont eu parfois cette fortune, — comme