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pays ses intérêts, l’assurant que j’y emploierai le peu de talent que Dieu m’a donné avec toute la vivacité et le zèle d’une personne qui n’a pas de plus grande ambition que d’avoir quelque mérite auprès de Votre Majesté. » Elle aura l’œil sur les ministres malintentionnés qui pourraient vouloir ébranler l’amitié des deux rois. C’est pour le bien du monarque français, représente-t-elle, qu’elle a sollicité le pardon de Sunderland, son ami ; elle rassure le roi sur la faveur de Halifax qui peut enhardir les Espagnols. Tout son chagrin est « de ne pouvoir être bonne qu’à de petites choses. » Au moins s’y emploie-t-elle de tout cœur. Des félicitations sur la naissance du duc de Bourgogne terminent cette épître où la politique, la flatterie et le sentiment s’entremêlent avec une rouerie toute féminine, et d’ailleurs dans une orthographe des plus fantaisistes. Louis XIV n’était pas un grammairien exigeant.

En revanche, il avait pour les parfums une horreur qui faillit, un jour, le brouiller avec Madame de Montespan. Or la duchesse de Portsmouth s’était servie de papier parfumé. Elle s’empressa de s’en excuser dans sa lettre suivante. « Je vous en demande humblement pardon. Sire, et de me faire la grâce de croire que ce soit là la seule faute que je commettrai et dont je puisse jamais être coupable envers votre sacrée personne. » Assurément, Louis XIV ne tint pas rigueur à cette correspondante si attentive à ne négliger « aucun soin ni aucune industrie » pour son service et dont le vœu le plus cher était qu’un jour le petit duc de Richmond employât au service du roi de France l’épée qu’il tenait de ses bontés. Ses réponses bienveillantes et affectueuses prodiguent à la duchesse les approbations et les marques de confiance.

Au moment de la mort de Marie-Thérèse, elle fit au roi ses condoléances empressées : « J’avoue, ma cousine, lui répondit-il, que mon affliction est extrême, mais non pas jusques au point de ne pas sentir la part que vous y prenez. » De moindres occasions lui étaient bonnes pour venir assurer le roi de son dévouement. Une chute qu’il fit lui inspira les plus chaleureuses protestations : « Bien que l’accident de ma chute, écrivit Louis XIV, ne m’eût presque point fait de mal, j’aurais été fâché que vous eussiez senti pour moi le peu même que j’ai souffert comme vous le désiriez. Je ne veux de votre souhait que la bonne volonté. Elle me suffit pour vous souhaiter tout le bonheur que vous méritez. »