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par sir William Anson, secrétaire du Board of Education, et adopté chaleureusement par M. Balfour, qui déclarait que cette formule incarnait la politique du gouvernement, et la soutenait contre ses amis de l’extrême droite, qui seuls y faisaient une opposition véhémente.

Lord Hugh Cecil, le fils aîné de lord Salisbury, le représentant du parti ecclésiastique, d’accord avec lord Edmond Talbot, au nom des catholiques romains, déclarait que le contrôle de l’instruction religieuse par des laïques, fussent-ils, comme les directeurs de l’école volontaire, nommés pour les deux tiers par les patrons de cette école, était une insulte au clergé, une trahison de l’éducation religieuse. Il suffisait de donner aux directeurs de l’école libre le contrôle de l’éducation laïque. L’enseignement religieux appartient au clergé. — Un meeting du clergé anglican, convoqué à Albert Hall, pour appuyer l’Education Bill, se tournait en une démonstration contre l’amendement Kenyon Slaney. L’évêque de Londres cherchait à rassurer son clergé, en déclarant que le parson, chargé de l’instruction religieuse à l’école libre, en cas de désaccord avec les directeurs, pourrait faire appel à l’évêque. Mais l’ambiguïté sur ce point de la clause Kenyon Slaney était écartée par cette décision de la Chambre des communes : que l’appel à l’évêque ne pourrait avoir lieu que s’il s’agissait d’une contestation sur la nature, le caractère de l’enseignement religieux ; mais quant au mode de cet enseignement, les directeurs restaient seuls juges, et cela sans appel possible. Après une magnifique lutte oratoire entre M. Balfour et son cousin lord Cecil, la clause Kenyon Slaney était votée par 211 voix contre 41, celles des partisans de lord Hugh Cecil, les Hughligans, comme on les appelle, et les catholiques romains, alliés à la haute Église[1].

  1. En 1895 le cardinal Vaughan et le duc de Norfolk exposaient au gouvernement de lord Salisbury les désirs des catholiques :
    1° Que toutes les écoles élémentaires, satisfaisant au programme du département de l’Instruction publique, soient payées également sur les fonds publics pour l’enseignement laïque donné aux enfans qui les fréquentent.
    2° Que l’on reconnaisse hautement et définitivement le droit qu’ont les parens d’avoir leurs enfans élevés dans les écoles de leur propre religion, sans encourir un surcroît de charges pécuniaires.
    L’Education Act donne satisfaction à ces exigences.
    En Angleterre, pays protestant, les catholiques gardent la direction religieuse de leurs écoles, et ne supportent qu’une infinie partie des frais. En France, pays catholique, le gouvernement ferme les écoles congréganistes, et chasse les congrégations.