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l’âme mise à nu d’un mince fil de cuivre, elles ne doivent la livrer qu’au contact autorisé des électro-aimans, portés sous le tramway, et se garder de la communiquer à tout autre appel. Au milieu du plot est un godet d’ambroïne, de 15 centimètres de diamètre, plein de mercure, dans lequel plonge un gros clou de fer. Celui-ci reçoit le courant par une tige vissée sur le fond de ce vase. Sa tête, recouverte d’une pastille de charbon graphique, est distante d’un centimètre d’une rondelle, aussi en charbon, fixée sous le centre du tampon. A cet endroit précis et unique ce tampon est sensible. Tout le reste de sa calotte, en acier au nickel, est antimagnétique. Attiré par le frotteur aimanté, le clou se colle une demi-seconde au tampon, ouvre le courant, puis le coupe en replongeant aussitôt dans le mercure, jusqu’au passage du tramway suivant.


III

Le conducteur aérien, par « trolley » ou « archet, » a, sur ceux que je viens de décrire, une supériorité qui explique son succès universel : celle du bon marché. De toutes les tractions mécaniques, l’électricité est, dans les villes, la seule qui atteigne pleinement le but que l’on se propose ; de tous les systèmes électriques, le « trolley » est le seul qui procure une exploitation avantageuse, sauf sur les lignes à rendement exceptionnel. Sur 100 réseaux de tramways, du nouveau ou de l’ancien continent, de la France ou de l’Allemagne, de l’Angleterre ou de la Belgique, 91 sont actionnés par cette roulette fixée au bout d’un bras métallique que la voiture porte sur son toit, et qui lui transmet le courant recueilli dans les airs, au long d’un fil de cuivre ou de bronze siliceux.

Ce bras tend à se dresser verticalement, mais il en est empêché par le fil sur lequel il presse. Le contact ainsi établi, la force électrique gagne les moteurs placés sous la caisse, ressort par les roues et retourne, en suivant tes rails, à l’usine d’où elle est partie. Cela évite la pose d’un second fil et d’un second trolley. On a soin, pour que ce courant de retour ne dérive pas et n’aille pas suivre par exemple les tuyaux d’eau ou de gaz, de bien isoler le rail par des éclisses en cuivre étamé.

Les conducteurs aériens, de S à 9 millimètres de grosseur au maximum, offrent au passage du courant une certaine résistance