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le dimanche du Grand-Prix, le lundi de la Pentecôte, et le 14 juillet. À l’ordinaire, 55 bateaux en hiver, 70 en été suffisent ; chacun peut contenir 100 voyageurs, tant sur le pont que dans des salons chaudes à la vapeur et éclairés à l’électricité.

Le plus gros chapitre de dépense est le personnel, dont l’effectif, déterminé par la Préfecture de police, se compose pour chaque bateau d’un pilote, un receveur, un mécanicien, un chauffeur et un marinier. Ce dernier n’a d’autre mission que d’aider le pontonnier dans l’amarrage aux stations. Les chauffeurs nourrissent les foyers avec 400 000 hectolitres de coke, employé à l’exclusion du charbon dont la fumée incommoderait les voyageurs.

Le chef responsable, à bord, est le pilote-capitaine, qui tient le gouvernail et dirige la manœuvre. Dur métier, auquel conviennent seuls des hommes robustes, sobres, disciplinés, doués d’un coup d’œil sur, dont l’attention est toujours en éveil. Ils ne reçoivent leur commission et leur diplôme qu’après un examen technique sur les ordonnances qui concernent la navigation et un stage minimum d’un an sur des bateaux à vapeur. La majeure partie des pilotes viennent du Rhône, du lac de Genève et des Flandres. Le matelot de Seine est moins apprécié ; on lui reproche de « tirer des bordées » fréquentes et d’être trop ami de la boisson. Les mécaniciens aussi viennent du dehors : presque tous sont Auvergnats et spécialement Aveyronnais. La Compagnie, suivant ses besoins, recrute sur les quais des auxiliaires ; mais, durant les chômages plus ou moins longs, — de quarante jours parfois, — qu’imposent les crues ou les glaces, les titulaires, employés à l’année, sont seuls payés.

À cette catégorie appartiennent les receveurs, dont le salaire, — 6 francs par jour, — est moindre que celui des mécaniciens ou des pilotes, qui gagnent de 8 à 11 francs. Ils opèrent leur recouvrement à peu près sans contrôle. Les tourniquets et les tickets seraient impraticables, le dimanche, lorsqu’il faut embarquer une file de 400 personnes en cinq minutes. L’on perdrait, avec ces formalités, plus d’argent qu’il n’en peut être dérobé par un agent infidèle. Cependant les pontonniers comptent les voyageurs à la sortie et, si leurs feuilles ne concordent pas avec celles des receveurs, on signale tel ou tel bateau à la surveillance d’un inspecteur-chef.

Celui-ci a sous ses ordres des agens occultes, inconnus même