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aux colorans artificiels la solidité qui leur manque, les chimistes se sont demandé s’il ne serait pas possible d’obtenir de nouveaux colorans intermédiaires entre ceux de composition organique proprement dite et ceux que fournit la chimie minérale, lesquels sont remarquables, en général, par leur fixité. On n’en est encore qu’au début dans cet ordre île recherches, mais des matières colorantes de ce genre, les Thiazines, par exemple, dont l’élément minéral est le soufre, ont déjà fait leur apparition sur le marché.

Il semble qu’à l’époque où la découverte de la mauvéine et de la fuchsine révolutionnait l’industrie de la teinture et la science elle-même, — car c’est à la fièvre de recherches dont nous avons parlé plus haut que la chimie des carbures aromatiques doit la plupart de ses progrès, — une question qui s’offre sous un aspect des plus séduisans, je veux dire la reproduction de toutes pièces du parfum délicat des fleurs, eût dû tenter les chimistes, qui avaient déjà de nombreux succès à leur actif en ce qui concerne le parfum des vins, des liqueurs et des fruits : il y a longtemps, en effet, qu’on utilise un certain nombre d’éthers tels que le formiate et le butyrate d’éthyle (succédanés des essences de rhum et d’ananas), l’éther œnanthique (identique à l’essence de cognac), etc. Il n’en fut rien pourtant. Il fallut la découverte de la vanilline (essence de vanille), dont la préparation est devenue industrielle depuis 1870, pour leur ouvrir les yeux et appeler leur attention sur l’industrie des parfums, qui commença, dès lors, à devenir ce qu’elle est aujourd’hui, surtout en Allemagne, une grande industrie chimique.

À l’heure présente, alors qu’il y a peu de temps encore, la chimie des parfums consistait uniquement à extraire des fleurs les principes odoriférans qu’elles contiennent, on se trouve en présence de trois sortes de produits artificiels :

1° D’abord, ceux que l’on fabrique synthétiquement, comme les muscs artificiels (succédanés du musc naturel), la nitro-benzine (succédané de l’essence d’amandes amères), l’aldéhyde benzoïque (essence d’amandes amères), l’aldéhyde salicylique (essence de reine des prés), dérivant tous du goudron de houille qui, comme on le voit, est une véritable mine dont les mineurs sont les chimistes.

2° Ensuite, des produits qu’on pourrait, comme les précédons, obtenir totalement par synthèse, mais que, pour l’instant, il est plus économique de demander à des matières premières