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question de mois. Restent les alimens azotés, c’est-à-dire les principes albuminoïdes, principes nécessaires à la formation et à la réparation de nos tissus. Mais, affirme M. Berthelot, les méthodes de synthèse qui leur seront applicables sont poursuivies avec zèle par la génération d’aujourd’hui, et aucun chimiste réputé ne peut douter de la réalisation de ce dernier groupe.

Tout cela, certes, nous présage, pour l’avenir, d’étranges changemens !… Mais, déjà, le présent lui-même nous donne sur le terrain économique, à nous Français, surtout, une leçon de choses sur laquelle nous nous reprocherions de ne pas insister.

Réduit à la France et à l’Angleterre dans la première moitié du XIXe siècle, non seulement le champ clos de l’industrie chimique, remarque A. Haller, s’est singulièrement élargi, mais encore, comme nous l’avons fait savoir dès le début de cette étude, ce ne sont pas les champions de la première heure qui, actuellement, sont le plus avancés.

Si, afin d’avoir une idée exacte du prodigieux développement de l’industrie chimique en Allemagne, après 1870, nous consultons, avec le savant que nous venons de citer, les Tableaux de l’administration des Douanes de cet empire, voici ce qu’ils nous apprennent : en vingt ans, de 1881 à 1901, l’exportation des produits chimiques (matières premières et produits fabriqués) a passé de 305 à 510 millions de francs, soit une augmentation de 205 millions, tandis que l’importation s’est élevée de 289 à 414 millions de francs, soit 125 millions d’augmentation seulement.

Comparons ce mouvement industriel avec celui de l’Angleterre. En 1890, l’exportation des produits chimiques, en Allemagne, s’élevait à 343 millions de francs, en Angleterre à 224 millions seulement, soit 78 millions en moins. Dix ans plus tard, en 1900, l’exportation allemande monte à 497 millions de francs, l’exportation anglaise à 232 millions, soit 208 millions en moins. Il est vrai que, pendant cette période, l’importation allemande passait de 330 à 414 millions de francs, soit une augmentation de 58 millions, tandis que l’importation anglaise baissait de 205 à 139 millions, ce qui correspond à une diminution de 66 millions.

Voyons maintenant la France. Un regard jeté sur les Tableaux de l’administration des Douanes de notre pays semble indiquer, à première vue, une situation satisfaisante : nous n’occupons plus le premier rang, il est vrai, mais, au moins, il