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dont la situation est déjà très florissante, se font concéder moyennant une redevance annuelle de quelques francs des terres domaniales qu’elles relouent immédiatement plusieurs dizaines de mille francs. Le même abus se produit également en faveur des communes de plein exercice, et l’on a vu des gouverneurs généraux représentais de la colonie frustrer celle-ci de ses revenus légitimes pour les attribuer à des communes qui n’en avaient que faire.

Le nom de commune mixte recouvre en réalité une chose qui n’a aucun rapport avec notre commune française ; au lieu de représenter un groupement d’intérêts communs, concentrés sur un point, la commune mixte, par son étendue même, qui est de 100 000 hectares en moyenne, se rapproche beaucoup de l’arrondissement français. C’est une simple division fréquemment remaniée, une pure circonscription administrative. C’est en définitive la colonie sous une autre forme ; or, elle n’a pas intérêt à sacrifier ses recettes générales au profit d’une création transitoire qu’elle peut supprimer quand elle le juge à propos. La création d’un budget autonome pour la colonie et la nécessité pour elle de se procurer de nouvelles ressources l’amènera fatalement dans un temps plus ou moins long à réviser les allocations qu’elle accorde aux communes mixtes ou à leur imposer certaines charges qu’elle supporte aujourd’hui.

La plus grande différence qui subsiste entre l’organisation des communes mixtes civiles et celle des communes de territoire militaire consiste dans le mode d’administration des indigènes. En territoire militaire, les tribus subsistent à peu près telles qu’elles existaient autrefois, sous l’autorité de leurs aghas, de leurs caïds et de leurs cheiks, et quelques-unes d’entre elles, particulièrement dans la province de Constantine, sont encore très importantes. Elles se subdivisent en un nombre plus ou moins grand de douars d’une population variable, placés sous les ordres d’un cheick. L’autorité militaire ne correspond qu’avec le chef de tribu, et c’est celui-ci qui est chargé de transmettre les ordres aux cheicks ; notre administration n’intervient donc pas d’une manière directe dans un grand nombre d’affaires ; c’est là une grande simplification. En matière de répression notamment, les aghas et caïds ont le pouvoir de punir certains méfaits de peu d’importance ; ils sont responsables de la sécurité dans toute la tribu, et elle est en général d’autant plus grande que