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Seybouse, du Saf-Saf et de l’Oued-Sahel, ils se seraient trouvés dans l’impossibilité de se suffire avec leurs propres ressources. On a donc eu recours au seul contribuable qui n’ait pas le droit de protester, à celui que les communes se partagent comme un troupeau taillable et corvéable à merci, à l’indigène. Tandis qu’en France les communes cherchent souvent à dissimuler leur véritable population lorsqu’elles approchent d’un chiffre qui fait augmenter la base de l’impôt, en Algérie, elles ne songent au contraire qu’à l’accroître par tous les moyens possibles, car, à chaque tête d’indigène qu’on leur concède, correspond une quote-part plus considérable dans la répartition de l’octroi et une augmentation de produit des autres taxes. Tel est le motif de l’accroissement injuste et exorbitant de certaines communes de plein exercice, auxquelles on a jeté en pâture des groupes importans de population indigène. Ce qui démontre bien que le besoin de ressources financières est le seul motif de ces divisions arbitraires, c’est que, dès qu’il entre dans la commune de plein exercice, le douar est soumis à de nouveaux impôts. D’abord la taxe sur les chiens, dont l’assiette est parfois simplifiée par l’imposition d’office d’un certain nombre de ces animaux à chaque indigène, qu’il en soit ou non possesseur ; ensuite la taxe des loyers, qu’une fiscalité aussi ingénieuse qu’illégale a fait, dans certains cas, porter sur les tentes des indigènes même non sédentaires, et qui, en commune de plein exercice, vient remplacer les centimes additionnels généraux à l’impôt arabe.

Les prestations, qui forment l’une de leurs principales ressources, sont pour les communes un nouveau motif de désirer l’augmentation de leur population. Elles fournissent le moyen d’entretenir des chemins qui, établis en grande partie par la main-d’œuvre indigène, ne profitent parfois qu’aux colons. De là de grands abus ; autrefois, elles devaient obligatoirement être faites en nature dans tous les territoires indigènes ; ensuite on en autorisa le rachat pour moitié et enfin pour la totalité. Ces mesures avaient pour but de procurer de l’argent aux communes de plein exercice, ce qui était une grande erreur ; en effet dès qu’elles eurent cette ressource entre les mains, leur objectif fut d’obtenir des préfets l’application de ces deniers à leurs dépenses générales et non exclusivement aux dépenses de vicinalité, comme le prescrit la loi de la manière la plus formelle. Le premier besoin d’un pays neuf est celui des voies de