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génie de restauration, et quant à vous, mon bien cher Prince, vous y respirerez un bon air, et vous y apprendrez quelque chose.

Je pars demain pour Bordeaux ; je prends la route de Niort et de Saintes, voulant m’arrêter à Mirambeau chez la comtesse Duchâtel. Je serai à Bordeaux dimanche et lundi, et quel plaisir de lire vos lettres ! J’en suis bien privé depuis quatre jours ; c’est une privation à laquelle je ne m’accoutume pas, non plus qu’à celle de vous voir, et les distractions du voyage n’y font rien. De plus, nous avons ici un temps affreux. Barbier quitte Poitiers demain matin, et retourne à Beauregard. Nous nous sommes arrêtés ensemble à Tours, à l’hôtel du Faisan ; Tours a un beau port, une belle cathédrale, une belle rue, et c’est tout. Poitiers a une physionomie tout à elle, une population vive, ardente, pleine d’originalité. Tours est une plus belle ville ; mais j’aime mieux Poitiers. Vous aurez reçu un couteau, de Blois, que j’ai oublié de vous annoncer ; je répare cet oubli, c’est un hommage que je vous adresse, et une preuve de l’excellence de cette industrie dans le Blaisois. Dans Châtellerault, ils nous ont assassinés à coups de couteaux, Barbier et moi ; aussi n’avons-nous rien acheté.

Adieu, mon cher Prince ; je vous écrirai de Bordeaux ; j’espère que vous vous portez bien, et combien je le souhaite ! J’espère aussi que vous vous amusez et que vous travaillez un peu. Mille choses à MM. De Latour et Trognon ; mes hommages au Duc de Montpensier, si, par hasard il ne voulait pas de mes amitiés. Mes respects à Sa Majesté la Reine ; et à vous, mon cher Prince, pas encore mes respects, mais tout mon dévouement, toute mon amitié, toute mon âme.


Bordeaux, mercredi 6 septembre 1837.

Vous pensez bien, mon cher Prince, que mon premier soin, en arrivant, a été d’envoyer chercher mes lettres à la poste. On m’en a rapporté un paquet fort respectable, parmi lequel vos lettres tenaient la meilleure place, et je vous en remercie. Votre exactitude à cet égard est la meilleure preuve d’affection que vous puissiez me donner. J’étais à table et j’ai tout lu séance tenante, les lettres des camarades, les vôtres, celles de mon cher collègue, et une infinité d’autres qui sont venues me relancer dans la Gironde, en sorte que mes voisins de la table d’hôte ont pu me prendre pour un ministre en congé, ou, tout au moins pour quelque personnage à grandes relations, et vous voyez qu’ils ne