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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mai.


Nous étions bien sûr d’être dans le vrai en disant, il y a quinze jours, que le roi Edouard VII serait reçu à Paris de la manière la plus courtoise, et qu’il y retrouverait les souvenirs de sympathie que le prince de Galles y avait laissés. Paris aurait manqué à toutes ses traditions s’il ne lui avait pas fait un accueil empressé. Mais ce n’est pas à l’homme seulement que cet accueil s’adressait ; c’est aussi et surtout au roi. Edouard VII, par la démarche qu’il a faite, a manifesté le désir de vivre avec nous en termes amicaux, et nous désirons de notre côté vivre en termes amicaux avec l’Angleterre. Voilà pourquoi Paris s’est mis en fête pour recevoir son hôte auguste. Il ne faut pas exagérer, mais il ne faut pas non plus diminuer l’importance de ces manifestations. Sans doute le fond des choses n’en est pas changé ; mais, aux difficultés qui sont inhérentes aux choses, d’autres ne viendront pas s’ajouter : nous parlons de celles qui, parfois inconsciemment, proviennent des mauvaises dispositions des personnes. La bonne grâce du Roi, et aussi, qu’on nous permette de le dire, celle de M. le Président de la République, auront rendu les solutions amiables plus faciles. Les deux nations se sont publiquement associées aux sentimens de leurs représentans ; leurs cœurs, pendant trois jours, ont battu à l’unisson. Ce n’est pas là un fait indifférent.

Il ne faut d’ailleurs chercher rien de plus dans le voyage du roi Édouard. Ceux qui s’imaginent qu’il a servi d’occasion ou de prétexte à des échanges de vues sur des sujets quelconques, et peut-être à des engagemens pour l’avenir, se trompent sûrement. Le roi d’Angleterre est un souverain constitutionnel. Il a sans doute une influence