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de vingt-quatre à soixante et onze ans ; les 18 frappeurs, de dix-neuf à soixante-neuf ans. Et de même enfin, aux ateliers de montage et finissage, où les 28 ajusteurs ont de vingt à soixante-quatre ans ; les 77 tourneurs, de vingt-deux à soixante-huit ans ; les 17 raboteurs, de dix-neuf à cinquante-trois ans, etc, etc..

Le tableau dressé, sur notre demande, par la direction de l’usine G met, pour ainsi dire, en plein relief cette constatation que, dans la métallurgie, il n’y a point, entre les catégories ou spécialités, de répartition par âge, voulue et délibérée ; qu’on s’y spécialise par rapport à la profession, mais non par rapport au temps ; et que ces catégories sont vraiment des métiers, où l’on entre jeune, où l’on vit, et où l’on vieillit. En effet, des 2 534 ouvriers de l’usine C, si l’on prend les catégories les plus nombreuses : ajusteurs, tourneurs, raboteurs, machinistes, on compte :


Profession 18 à 23 ans 23 à 28 ans 28 à 33 ans 33 à 38 ans 38 à 43 ans 43 à 48 ans 48 à 53 ans 53 à 58 ans 58 à 63 ans 63 à 68 ans 68 à 73 ans
Ajusteurs (229) 33 39 47 21 30 21 9 14 8 6 1
Tourneurs ( 227) 41 41 47 31 33 7 12 6 6 3 «
Raboteurs ( 224) 11 39 53 39 36 26 9 5 3 2 1
Machinistes (229) 10 31 34 46 34 33 9 10 7 7 3

Mais ces quatre catégories : ajusteurs, tourneurs, raboteurs, machinistes, sont vraiment des spécialités, des professions, des métiers : il y a plus et il en est ici du travail non spécialisé, non organisé, invertébré si je l’osais dire, du travail qui n’est qu’une dépense de force, de cette sorte d’unskilled labour, non enseigné et non appris, purement physiologique et mécanique, qui n’exige presque rien que le jeu de certains muscles, comme il en est du travail spécialisé, organisé, porté dans chaque catégorie à sa plus grande puissance de rendement et à son plus haut point de perfection par cette spécialisation, par cette organisation mêmes. Dans la métallurgie, le manœuvre ne fait pas ce que fait le galibot, par exemple, ou le hercheur à la mine, qui, avec l’âge, passe successivement aide, puis ouvrier à veine : il entre manœuvre, il reste manœuvre, — manœuvre au puddlage, aux aciéries, aux forges, — s’y spécialise autant que sa profession, qui n’est pas une profession, est susceptible d’être spécialisée, et c’est à peine si, une fois affecté à un atelier, il en change. L’usine C n’occupe pas moins de 900 manœuvres, ainsi répartis par âge :