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Que ne fait sur la douce allée
L’arôme du commun lilas,
Et que ne fait dans le soir las
Une âme toujours désolée.

— Ces frissons mous, ces pleurs démens,
Ces jets de soupir et de rêve,
Ce tendre cœur des fleurs, qui crève,
Ces bienheureux titubemens,

Ces lacs d’odeur dans les branchages,
Et cette belle humilité
Du soir, molli de volupté,
Qui veut qu’on l’use et le saccage,

Etés ! vous les verrez encor,
Vous en qui l’infini respire,
Mais moi ! qui dira mon délire
Le jour où mon corps sera mort…


C’EST VRAI, JE ME SUIS BEAUCOUP PLAINTE…


C’est vrai, je me suis beaucoup plainte
De l’amer bonheur de mes jours,
Des étés avec leurs jacinthes
Qui me brisaient le cœur d’amour.

Je me suis plainte, âpre et pâlie,
De vous, cher univers troublant,
Et de cette mélancolie
Qui tombe, au soir, des rosiers blancs.