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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juin.


Un incident dont les suites auraient pu être graves, si on n’avait pas apporté à le régler autant de prudence que de fermeté, s’est produit il y a quelques jours à Figuig, sur la frontière de l’Algérie et du Maroc. Ces incidens de frontière sont peu de chose si on ne leur donne pas plus d’importance qu’ils n’en ont en réalité ; ils peuvent prendre, dans le cas contraire, des proportions illimitées. Nous venons de bombarder Zenaga ; mais, avant d’accomplir cet acte de force, rendu nécessaire par une agression criminelle, nous avons eu soin de dire qu’il ne s’agissait là que d’une mesure de police. Nous n’avons qu’une chose à faire à Figuig, y rétablir l’ordre de manière à garantir la sécurité de notre frontière, qui, depuis quelque temps surtout, a été presque continuellement troublée.

Il était impossible que M. Jonnart, dès son arrivée à Alger, ne se préoccupât pas de cette situation. Il a jugé n’avoir rien de mieux à faire que de se transporter lui-même sur les lieux, et de juger les faits de visu. Mais, dans l’état où étaient les choses, il était difficile qu’une petite troupe française se rendit jusque sous les murs de Figuig sans que les fusils partissent tout seuls. Les gens de Figuig ont vu venir du monde ; ils ont aperçu des armes ; quelques coups de feu, peu nombreux, il est vrai, ont été tirés de la place ; mais on en a tiré un beaucoup plus grand nombre à gauche et à droite de la route, lorsque notre petite troupe a dû battre en retraite, et c’est ce qui a donné à l’affaire le caractère odieux d’un guet-apens. L’amel de Figuig était venu au-devant de M. le gouverneur général, dont il a sollicité le concours pour affermir son autorité ; il l’a engagé à pour-