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interdisait de dégarnir en aucun cas l’Afrique du Sud. Le Canada et l’Australie invoquèrent les principes du self government. « La meilleure voie à suivre, dirent leurs représentans, serait d’améliorer d’une façon générale l’instruction des milices en laissant à chaque colonie, lorsque le besoin s’en ferait sentir, le soin de déterminer comment et dans quelle mesure elle devrait assister la métropole… L’institution d’une réserve spéciale, mise à part pour le service général de l’Empire et soumise en fait au contrôle absolu du gouvernement impérial, soulève des objections de principe, comme dérogeant aux pouvoirs de self government dont jouissent les colonies ; en outre, elle aurait pour effet de nuire à l’amélioration générale de l’instruction et de l’organisation des forces de leur défense et de les rendre ainsi moins aptes à répondre à une demande de secours effectif. »

Les propositions relatives à la défense navale ne semblaient pas devoir soulever les mêmes objections : il ne s’agissait plus de donner au gouvernement métropolitain une autorité absolue sur des corps levés et stationnés aux colonies ; on leur demandait surtout de voter quelques subsides et de renoncer à stipuler que les vaisseaux entretenus sur ces fonds devraient toujours rester dans leurs mers. En un mémoire habilement rédigé, lord Selborne expliquait aux coloniaux les principes de la puissance et de la guerre maritimes. « La mer est une, c’est pourquoi la flotte britannique doit être une, concluait-il. Sa seule tache en temps de guerre doit être de chercher les navires ennemis où qu’ils se trouvent et de les détruire. En quelque lieu, en quelque mer que ces navires soient trouvés et détruits, c’est l’Empire entier qui sera défendu simultanément, dans son territoire, son commerce et ses intérêts. Si, au contraire, l’idée devait malheureusement prévaloir que le problème est un problème de défense locale et que chaque partie de l’Empire peut se contenter d’avoir un groupe de navires pour protéger séparément tel ou tel point en particulier, le seul résultat possible serait qu’un ennemi, qui ne serait pas tombé dans cette hérésie et aurait concentré ses flottes, attaquerait en détail et détruirait les escadres britanniques séparées, qui auraient défié la défaite si elles avaient été réunies. »

Les Australiens se rallièrent à ces idées, se déclarèrent prêts à porter à 5 millions leur subvention, tandis que la Nouvelle-Zélande élevait la sienne à un million. La zone d’évolution de