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n’étaient pas suffisamment avantageux à la métropole pour que celle-ci accordât aucune protection douanière en retour. Ce n’est pas l’usage des colonies de donner sans recevoir. Elles se résignèrent pourtant à le faire cette fois, dans l’espoir d’être plus tard payées de leurs sacrifices. On adopta donc, après de longs débats, une résolution affirmant l’excellence du principe du commerce préférentiel, constatant d’autre part l’impossibilité, « dans la situation actuelle des colonies, » du libre-échange à l’intérieur de l’Empire, mais invitant les colonies qui ne l’avaient pas encore fait à accorder un « traitement de préférence substantiel » aux marchandises britanniques et ajoutant enfin : « que les Premiers ministres des colonies insistent respectueusement auprès du gouvernement de Sa Majesté sur ce qu’il serait expédient d’accorder dans le Royaume-Uni un traitement de préférence aux produits et manufactures des colonies, en les exemptant en tout ou en partie des droits déjà institués ou devant l’être plus tard. » En conformité avec cette résolution, les ministres canadiens promirent de maintenir pour l’ensemble des marchandises britanniques la détaxe générale d’un tiers et de favoriser plus encore certains articles, soit en diminuant les droits sur les produits britanniques, soit en les augmentant sur les produits étrangers, soit enfin en taxant certains produits étrangers qui entraient jusqu’ici en franchise. Les Australiens se sont simplement engagés à faire bénéficier la mère patrie d’un tarif de préférence sans le spécifier davantage. La Nouvelle-Zélande doit réduire de 10 pour 100 les droits sur toutes les importations de la Grande-Bretagne et leur concéder certains avantages supplémentaires, à l’instar du Canada. Enfin, le Cap et Natal doivent accorder à la métropole un privilège général de 25 pour 100, en élevant d’autant les droits qui frappent les marchandises étrangères, quelques articles spéciaux exceptés.

Il va de soi que tous ces engagemens sont pris sous réserve de la ratification des Parlemens coloniaux, qu’il ne faudrait pas se hâter de considérer comme acquise, étant donné surtout que la métropole n’accorde encore en retour aucun traitement de faveur. Il est bien certain que les colonies n’accepteront pas longtemps ce système de concessions unilatérales. Les représentans du Canada se sont chargés de le signifier avec leur netteté ordinaire dans un nouveau memorandum. « Les ministres canadiens, y est-il dit, ont décidé de soumettre à la conférence une