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formées principalement de terres d’alluvions, elles sont beaucoup plus fertiles que le plateau central. La zone côtière de l’Ouest forme le cercle de Tulear : elle est moins favorisée que la précédente, moins peuplée, mais propice à l’élevage ; les plaines de l’Androy, qui forment la zone côtière du Sud, sont couvertes en grande partie d’une forêt épineuse, où dominent les euphorbes et les cactus, d’un caractère tout spécial et d’un accès très difficile. Les pluies, limitées à quelques mois de l’année, y suffisent néanmoins à assurer le pâturage de nombreux troupeaux[1]. »

Madagascar est très peu peuplée, si l’on considère surtout son immense superficie[2], mais ses trois millions d’habitans sont loin de former un peuple homogène et ne présentent aucun des caractères communs qui constituent la nationalité. M. Alfred Grandidier, dont l’opinion fait autorité en la matière, attribue à toutes les peuplades de l’île la même origine indo-mélanésienne, sauf aux Merina (vulgairement appelés Hova), qui sont des Malais.

« La langue malgache, — écrit-il, — existait certainement, telle qu’elle est aujourd’hui, longtemps avant la venue des Malais, qui sont les ancêtres des Andriana ou nobles de l’Imerina, et il n’est pas douteux qu’elle a été apportée par les nègres indomélanésiens, dont les immigrations successives ont peuplé Madagascar. Mais les innombrables tribus, ou plutôt familles, qui composaient cette population n’étaient réunies entre elles par aucun lien politique ni commercial, vivaient dans un isolement absolu et ne se connaissaient point les unes les autres, n’ayant entre elles d’autres relations que les razzias et les pillages auxquels se livraient sans cesse les voisins immédiats[3]. »

De là, des mœurs et des usages distincts, des différences profondes dans le degré de civilisation, des dialectes variés dans la langue elle-même.

Les Hova sont les derniers venus dans l’île et leur débarquement sur la côte eut lieu de 1555 à 1560. Fort mal reçus par les premiers occupans, ils furent refoulés sur les hauts plateaux de l’Imerina, où ils s’installèrent, procréèrent, et, grâce à la

  1. Colonel Lyautey, Dans le Sud de Madagascar, p. 20.
  2. Madagascar mesure 1 800 kilomètres du cap Sainte-Marie au cap d’Ambre, et 400 kilomètres en moyenne, en largeur.
  3. Alfred Grandidier, l’Origine des Malgaches. Imprimerie Nationale ; 1901.