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à Madagascar dans des conditions exceptionnelles, puisqu’on est en présence d’une telle diversité de confessions que les indigènes n’ont que l’embarras du choix et restent entièrement maîtres d’aller à l’une ou à l’autre.

Quant à l’enseignement officiel, le rôle à lui réserver serait autrement important que celui qui lui reviendrait en cherchant à y développer avec intensité l’enseignement primaire. Il devrait être avant tout un rôle d’ « inspection » et de « modèle. » Il faudrait l’envisager comme le « régulateur, » le « stimulant » des divers enseignemens privés et non pas comme leur « concurrence. » Il ne devrait donc y avoir que des écoles normales, les écoles primaires n’étant que des exceptions pour les régions qui échappent à l’action des missions.

Dans ces écoles normales, formant le degré supérieur de l’enseignement, la prépondérance serait donnée à la section commerciale et administrative et à l’enseignement professionnel manuel.

La section commerciale et administrative, destinée à former des employés des divers services de l’Etat, — télégraphie, topographie, comptabilité, — des agens pour les maisons européennes, serait constituée avec une supériorité d’enseignement pratique pouvant y attirer, au sortir de l’enseignement primaire, les meilleurs élèves des missions.

Pour les sections de l’enseignement professionnel et agricole, le problème serait d’autant plus facile à réaliser que ces sections ont été prévues par l’arrêté du général Gallieni du 25 mars 1901, sous le nom d’ « Ecoles régionales, » et que celle de Tananarive est déjà en fonctionnement et en pleine prospérité. Ces créations ne sont pas du reste des innovations en Imerina. « Avant l’apparition des Européens à Tananarive, c’est-à-dire à la fin du XVIIIe siècle, les artisans hova étaient déjà groupés en corporations ; les charpentiers, les forgerons, les tisserands, les orfèvres avaient leurs privilèges. Ce sont ces corporations que notre compatriote Laborde, qui a acquis tant de titres à notre reconnaissance, développa vers 1835 ; il adjoignit aux précédens des tanneurs, des potiers, des fabricans de chandelle et de savon, etc.[1]. Ce sont ces mêmes corporations enfin que le

  1. On a élevé un monument à Laborde à Tananarive, qu’on a dernièrement inauguré en grande pompe, et ce n’était que justice.