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MM. U. Mosso et Paoletti. Ces expérimentateurs se sont servis d’un appareil, l’ergographe, imaginé par A. Mosso pour l’étude de la fatigue musculaire. C’est un instrument bien simple qui permet d’observer, en l’enregistrant, la contraction d’un petit groupe de muscles déterminés, ceux qui servent à fléchir le doigt médius. En comparant les tracés obtenus avant et après l’ingestion d’une certaine quantité de sucre, on peut apprécier l’influence de cette substance sur l’énergie des muscles soumis à l’épreuve. M. Mosso a étudié ainsi l’effet des doses diverses. Les doses moyennes de 30 à 60 grammes dans un poids d’eau dix fois plus considérable ont eu une action bienfaisante et maintenu l’énergie musculaire à un niveau comparativement élevé. La contraction était plus forte, la fatigue et l’impuissance plus tardives : l’effet commençait à se montrer assez rapidement après l’ingestion. — Il est remarquable que ce soient les doses minimes de 5 à 20 grammes qui aient produit les résultats les plus favorables, c’est-à-dire la restauration rapide du muscle fatigué et l’accroissement du travail ; l’effet est peu durable, mais il peut être entretenu par des ingestions répétées. La manière d’obtenir le maximum de travail mécanique consistait à ingérer, de dix minutes en dix minutes, de petites doses de 5 grammes (c’est le poids moyen du morceau de sucre usuel, scié à la mécanique). On peut être surpris que d’aussi faibles quantités d’un aliment commun jouissent d’un pouvoir si précieux. Mais l’expérience n’offre pas d’ambiguïté, le résultat est toujours le même, et bien qu’obtenu par des épreuves empiriques, sa constance même lui donne droit à la considération. — Il n’est point passé inaperçu. — Les hommes qui sont habitués à demander à leurs muscles la meilleure utilisation de leur vigueur, les cyclistes, les amateurs de sport, les alpinistes, accordèrent à ces essais une attention d’autant plus grande que d’autres expérimentateurs, V. Harley, Trautner, Sowaner, n’avaient point tardé à les confirmer pleinement.


La première application est due à un médecin militaire allemand, le docteur Schumburg. A la suite d’une manœuvre pénible, il eut l’idée de distribuer aux hommes une ration supplémentaire de 30 grammes de sucre (six morceaux du type ordinaire). Cette distribution suffit à ranimer les énergies et à relever les forces à un degré suffisant pour permettre d’atteindre l’étape.