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la banlieue une vaste tournée spirituelle[1]. — En 1655, elle forme le projet de faire prêcher « dans les quartiers d’hiver pour le salut des gens de guerre, » et elle confie à quelques gentilshommes cette évangélisation de l’armée. — Enfin, comme de plus en plus « ces sortes d’entreprises étaient de son goût, » en 1658 elle nomme une commission spéciale, de quatre ecclésiastiques et de douze laïques, pour travailler régulièrement et sans trêve à la propagation de la foi, soit en France, soit dans le reste du monde. En 1659, de cette commission, que dirige apparemment Du Plessis-Montbard, sortent deux idées notables : l’une[2] « de faire une association de commerce pour la Chine, » afin d’y pénétrer sous le couvert du trafic ; — l’autre, de fonder, à Paris, un séminaire spécialement consacré à la formation des missionnaires. Le second de ces projets, l’un des derniers de la Compagnie, devait, avant qu’elle ne mourût, la « consoler » par son plein succès.

Des Séminaires, — cette nécessité la plus urgente de l’Église de France au xviie siècle, — la Compagnie du Saint-Sacrement ne paraît pas s’être activement occupée avant 1665, année où meurt l’abbé Bourdoise, qui avait fait du relèvement du clergé sa chose et qui, en 1632, avait fondé à Paris le séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet. D’ailleurs d’autres « personnes de piété » l’imitaient, ouvraient çà et là des maisons de préparation et de retraite aux aspirans au sacerdoce. La Compagnie, tout en aidant de ses subsides la fondation de Bourdoise, veut unifier (1658-1659) toutes ces œuvres particulières dans un « séminaire général » que l’on créerait à Paris, et elle s’y fait la main en « dressant » elle-même les règlemens du « petit séminaire irlandais, » par elle institué et qui vit par elle. En 1661, elle commence à penser à la province, où il n’y avait presque nulle part de maisons d’éducation cléricale. Mais, ni en province ni même à Paris, ce n’est œuvre facile. Toutes ces vues restent à l’état de projets. La Compagnie doit se contenter à cet égard de palliatifs. En 1652, elle « profite de la présence à Paris des pauvres ecclésiastiques des environs, chassés par la guerre, pour les faire instruire de leurs devoirs. »

D’ailleurs, en attendant que ce clergé, si insuffisant, se renou-

  1. Sur les missions, voyez les intéressans détails donnés par le P. Clair (Études, t. 46, p. 1889, p. 119 sqq.).
  2. D’Argenson, p. 188.