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par l’insuffisance balistique de l’artillerie et par la répartition défectueuse des bouches à feu. Avec ces idées s’accordait parfaitement, d’ailleurs, la doctrine de la passivité des instrumens d’exécution. La tactique officielle conduisant dès lors à la recherche des formations compactes et à la pratique des évolutions à rangs serrés, il était naturel que l’on préparât, en temps de paix, les capitaines par des exercices appropriés, si périlleux qu’ils fussent, aux manœuvres délicates que l’on prévoyait pour le moment du combat.

Les constatations que nous avons faites déjà, celles que nous allons faire encore sur les transformations actuelles ou prochaines de l’unité de combat nous amèneront sans doute à conclure à l’intérêt, à la nécessité même d’une tactique qui s’inspirera, matériellement, de la puissance et surtout de la concentration des feux, moralement de la doctrine de l’initiative des lieutenans du commandant en chef. Cette tactique nouvelle ne comportant plus de mouvemens de masses, les évolutions dangereuses deviendront inutiles et devront disparaître.


II

Quelle est donc l’unité de combat de demain ?… De quels bâtimens sera composée l’escadre avec laquelle un commandant en chef avisé pourra réaliser pleinement la méthode de combat idéale indiquée par l’amiral Ito au Yalou, l’enveloppement et la convergence des feux ?

Le type des cuirassés de 14 870 tonnes que nous mettons aujourd’hui en chantiers, après de retentissans débats, satisfait-il aux conditions essentielles de cette méthode, celles que nous posions tout à l’heure, supériorité d’artillerie sur ses rivaux et supériorité de vitesse ? Malheureusement non.

Ce n’est pas qu’on n’ait entrevu l’intérêt de ces conditions et qu’on n’ait fait un effort, inconscient en quelque sorte, pour y satisfaire ; mais, outre que la conception première du type est déjà assez ancienne, on a été paralysé par l’importance exagérée que la tactique traditionnelle, la tactique du combat rapproché, flancs contre flancs, donnait à l’armement lourd par excellence, la cuirasse.

L’étude du « pourcentage » attribué aux divers élémens constitutifs de ces unités montre que la protection de la coque et