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vue des facultés offensives, d’un tonnage moyen, puisque, avec 8 000 tonnes seulement, ses ingénieurs comptent obtenir 23 nœuds sur des bâtimens pourvus de 2 000 tonnes de charbon et armés de douze canons de 203, douze de 76 et douze de 47 millimètres !

Laissons de côté, si l’on veut, ce dernier type, un peu spécial ; mais avouons-nous à nous-mêmes que ce n’est pas en présence de ceux dont l’énumération précède que notre escadre de 1907 pourrait user de la tactique du Yalou.


Il n’est cependant pas si difficile de le concevoir, le bâtiment de combat idéal que nous cherchons, puisqu’il se trouve à peu près défini déjà et par les caractéristiques mêmes de ses rivaux et par les genres de supériorité que nous voulons lui donner sur ceux-ci.

Seulement il faut serrer d’un peu plus près la question.

Quelle est d’abord exactement la supériorité de vitesse qui est nécessaire à cette nouvelle unité de combat pour que la force navale dont elle sera la base puisse, toujours maîtresse de ses mouvemens, imposer à l’adversaire la distance qu’elle jugera convenable et le maintenir au centre d’un secteur d’enveloppement ? Évidemment des expériences directes seraient utiles ici, et, ces expériences, il serait aisé de les faire exécuter par nos escadres en différenciant d’une manière progressive les vitesses des divisions mises en jeu. Mais on peut estimer a priori, pensons-nous, qu’il ne faudrait guère moins de 4 ou 5 nœuds ; de sorte que, si l’on prend les cuirassés anglais et américains comme termes de comparaison, notre unité de combat devrait avoir une vitesse maxima comprise entre 23 et 24 nœuds.

Vitesse maxima d’essais, d’ailleurs, vitesse que les bâtimens retrouvent bien rarement quand ils sont sortis des mains du constructeur !… Ce qui vaudrait mieux encore peut-être, ce serait d’assurer à notre cuirassé une grande vitesse pratique, celle que l’on obtient sans fatigue excessive pour le personnel et pour le matériel, la seule, du reste, que l’on puisse soutenir au combat[1], comprise entre 21 et 22 nœuds. Dans les mêmes conditions, on

  1. La vitesse maxima exigeant le développement complet de la puissance des appareils évaporatoires, on est obligé de distraire un grand nombre d’hommes des services exclusivement militaires pour en faire des soutiers, des transporteurs de charbon supplémentaires.