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qu’elle ne peut généraliser que par eux, et qu’en effet elle introduit dans le culte. En 1633, « pour s’opposer plus fortement aux débauches du carnaval, » elle se met en tête de faire faire a dans plusieurs églises de Paris des dévotions extraordinaires, » et elle y réussit : « quelques paroisses en prirent dès lors la coutume. » — « En 1637-1638, elle fait adopter l’usage de voiler le Saint-Sacrement avant et pendant le sermon. » — En 1636, elle met en branle tout le clergé parisien : « ce fut par ses soins que l’on exposa le Saint-Sacrement dans toutes les églises de Paris, que l’on fit de tous côtés des prières publiques et, aux environs de Paris, des processions solennelles. » La Compagnie alla jusqu’à « procurer, » ajoute D’Argenson, ravi de tant d’activité et de crédit, « la descente de la châsse de Sainte-Geneviève. » Enfin et plus d’une fois son ingérence, qui ne doute vraiment de rien, se pousse jusque dans ces chapitres de chanoines et ces couvens de réguliers, la plupart si méfians contre toute intervention étrangère, même légitime, et qui, dès qu’on faisait mine de toucher à eux, excipaient de leurs immunités et fermaient, fût-ce à Bossuet, leurs portes.

En 1654, « comme les chanoines d’un certain lieu avaient entrepris de faire supprimer quinze chapelains pour augmenter leur mense capitulaire[1], » la Compagnie, implorée par les chapelains évincés, prend leur parti et les fait rétablir. La même année, elle mène campagne pour « faire visiter par des délégués du Pape les églises cathédrales exemptes de la visite des évêques. » — Dès 1634, elle s’était permis « d’engager fortement les couvens de femmes à recevoir sans dot des filles d’une excellente vocation. » — En 1636, puis en 1652, elle donne la chasse, pour les réintégrer dans des monastères, aux moines et nonnes que la guerre en avait fait sortir et qui menaient à Paris « une vie licencieuse. » — En 1648, elle s’avise qu’il est fort important « d’inspirer aux maisons de religieuses de reprendre un peu la ferveur de leurs fondateurs ; » elle s’en prend de nouveau à l’abus de « regarder plutôt à la dot qu’à la piété » des postulantes ; et elle sollicite l’intervention personnelle d’Anne d’Autriche et du gouvernement pour arriver enfin, sur ce point, à une réforme « universelle » de l’Eglise de France. — En 1657, « on proposa » à la Compagnie de Paris « de mettre la réforme dans l’abbaye de

  1. Mense capitulaire, revenu dont jouit en commun un chapitre.