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L’enfant qui, par le clos aux espaliers rougis,
Dépensait tant de joie et d’ardeur juvénile,
Qu’il mettait une grâce autour du cher logis
Couronné d’un fin campanile !

L’enfant à qui sa mère enseignait le devoir,
Dont l’œil s’illuminait aux récits de l’ancêtre,
Et qui, près du tombeau, se lamente de voir
Que seul il vieillira peut-être !

Consolez mes chagrins, accueillez mes remords,
Pour que ma vie errante au toit natal s’achève !
Que votre voix, pareille aux voix des rêves morts,
Me retienne où resta mon rêve !

Caressez mes regrets de vos soupirs humains,
Car une pitié tendre à tout martyre est due ;
Et, puisque mon front las se penche sur mes mains,
Rendez-moi l’humble foi perdue !

Si, pour mourir ici je fus un jour élu,
Que votre doux murmure, ô tilleuls, me captive,
Jusqu’à l’heure où viendra le repos absolu,
Avec l’ombre définitive !

LEONCE DEPONT.