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« Des revenus sont déclarés, établis, vérifiés, et quelquefois le propriétaire est imposé, non sur son bail, non pas même sur la vérification, mais sur le prix du contrat d’acquisition ; on cotte les convenances, les fantaisies de l’acquéreur.

« Des manœuvres connues ont fait hausser le prix des bleds : c’est le moment qu’on a choisi pour estimer les terres ; ce moment a passé, les manœuvres ont disparu, le prix des bleds diminue et l’estimation ne change pas.

« On a vu des cottes augmenter du quart, de la moitié, même des deux tiers.

« On se plaint à la fin, on présente requête, mais, avant d’être écouté, il faut payer, ou l’on est poursuivi sans ménagement, la provision est accordée aux préposés.

« Ce mal une fois fait, le commissaire départi renvoyé le contribuable au Directeur des vingtièmes qui s’adresse au controlleur, premier auteur du mal, dont il finit par être juge.

« A-t-on justice, elle n’est pas complette. La surtaxe exigée d’avance n’est pas restituée, la cotte n’est diminuée qu’au Rolle de l’année suivante.

« Tel est, Sire, le tableau effrayant, mais fidèle des vexations multipliées sous le poids desquelles tous vos sujets gémissent dans les pays d’élections.

« Et ces vexations, ordonnées d’un trait de plume par un ministre dans une simple lettre, ont été transformées en principe et réduites en art par un commis dans une instruction digne des recherches les plus rigoureuses suivant la loi.

« Les Déclarations, Sire, sur les vingtièmes, sont récentes et bien connues.

« La première est du 14 octobre 1710 : Daignez vous rappeler les circonstances… »


Les « Remontrances » retracent alors le tableau de la France à cette époque et ensuite toute l’histoire des édits et des mesures fiscales qui suivirent la Déclaration de 1710. Elles montrent la série ininterrompue des abus, des illégalités, des violations des principes « de la monarchie française et de tout État bien ordonné » dont le royaume, depuis plus de soixante ans, « est inondé. » Aussi « toutes les élections sont-elles ravagées par des hommes sans frein, comme sans titre, qui sont, aux yeux de la justice, des concussionnaires, » — le seul moyen de rendre les