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Arrêtons-nous, pour le moment, sur ces mots. Ils résument toute l’histoire de l’Impôt sur le revenu, de l’impôt personnel sur le revenu global, et montrent, par ce qu’il fut sous l’Ancien Régime, pendant plus de huit siècles, ce que serait aujourd’hui, — singulièrement aggravé, — cet antique système, dont nos réformateurs contemporains s’enorgueillissent comme d’une découverte de leur génie.

Sans doute il est permis de dire avec certains économistes qu’on doit distinguer entre la taille personnelle et les impôts du dixième, du vingtième, du cinquantième ; que ceux-ci furent un effort vers la réalité de l’impôt, vers la suppression des privilèges et l’établissement de l’égalité. Mais il ne s’agissait pas ici de tracer en détail l’histoire technique de l’impôt sous l’ancien régime, d’en préciser les transformations théoriques, l’évolution idéale. Ce qu’il fallait, uniquement, c’est montrer que tous les systèmes aujourd’hui présentés comme des progrès nouveaux ne sont que d’anciens abus, condamnés irrévocablement par l’expérience comme par les principes. En fait, dans la réalité vivante, les choses furent ce qu’on vient de voir. La preuve est faite. Pour être exact et sincère, qu’on ne nous parle donc plus de réforme, d’innovation ; qu’on ne cherche plus à piper les dés et les électeurs ; qu’on donne aux projets de lois « tendant à l’établissement d’un impôt général sur le revenu, » à celui de MM. Combes et Rouvier comme aux précédens, leur véritable titre : « Restauration de la Taille personnelle de l’Ancien Régime supprimée par la Révolution française. »

Alors, au moins, on ne mentira pas.


JULES ROCHE.