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ce sont les circonstances qui ont empêché Charles II d’obtenir pour lui, selon sa promesse, le chapeau de cardinal ; ou bien si c’est lui-même qui, par humilité chrétienne, s’est toujours refusé à un tel honneur. En vain, les savans italiens et anglais se sont efforcés de découvrir la plus faible trace des destinées du fils de Charles II après cette date du 18 novembre 1668, où son père annonçait à Oliva qu’il l’envoyait à Rome et espérait le revoir avant peu à Londres. James de la Cloche s’est-il, depuis lors, obstinément caché sous un nouveau nom d’emprunt ? Est-il mort tout jeune, avec « la santé délicate » que nous savons qu’il avait ? Questions auxquelles personne n’a pu jamais trouver aucune réponse ; et ce silence absolu de l’histoire ne laisse point d’être déjà assez étonnant.

Mais voici qui l’est bien davantage encore. Le 30 mars 1669, Kent, l’agent anglais à Rome, écrit en Angleterre qu’on vient d’arrêter à Naples un jeune gentilhomme anglais inconnu, de religion catholique, qui, arrivé dans cette ville depuis quelques mois, s’est pris d’amour pour la fille d’un pauvre aubergiste, l’a épousée, et a montré à son beau-père une grosse somme d’argent. Le beau-père s’est vanté de cet argent ; sur quoi le jeune homme, se voyant soupçonné d’être un faux monnayeur, a demandé à comparaître devant le vice-roi, et a déclaré à celui-ci qu’il était le fils reconnu du roi Charles II d’Angleterre. On a trouvé sur lui environ 150 doubles, de nombreux bijoux, et des papiers où il était traité d’Altesse Royale. Une lettre suivante de Kent nous apprend que, le 6 avril, ce jeune Anglais, — qui porte le nom de James Stuart, et qui ne parle d’autre langue que le français, — a été transféré du château Saint-Elme au château de Gaëte : le vice-roi a écrit en Angleterre pour demander ce qu’il devait faire de lui. Le 11 juin, le prisonnier est remis, en liberté, le vice-roi ayant acquis la conviction qu’il n’était pas le fils du roi d’Angleterre. Enfin, le 31 août, Kent écrit que « le gaillard qui prétendait être le fils naturel de Sa Majesté » vient de mourir, laissant sa femme enceinte de sept mois. Il est mort à Naples, au retour d’un voyage en France, où il a prétendu être allé voir sa mère, « donna Maria Stuarta, de la famille royale d’Angleterre. »

Kent ajoute que le soi-disant James Stuart a fait, avant de mourir, un testament singulier, dont il a nommé exécuteur « son cousin le roi d’Espagne. » Et, en effet, les archives anglaises gardent deux copies, en anglais et en italien, de ce testament. Le mourant s’y déclare fils du roi Charles II et de donna Maria Stewart, « de la famille des barons de San Marzo. » Il demande à Charles II de donner à l’enfant qui