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l’usage des femmes qui sont, suivant les rubriques de notre douane, les « confections pour femme et pièces de lingerie cousues, » les « modes et fleurs artificielles, » les « ouvrages en peau et en cuir et pelleteries préparées. » Le montant total de nos exportations pour ces trois chapitres s’élève, d’après la douane française, à 211 millions de francs : 62 millions pour le premier, 112 pour le second, 37 pour le troisième ; soit respectivement, 49 pour 100, 82 pour 100 et 50 pour 100 de notre exportation totale de ces divers articles. C’est grâce à l’énorme accroissement de la consommation britannique que nos ventes à l’étranger de confection et pièces de lingerie cousues, qui comprennent les robes de femme, les dentelles, les broderies, les corsets, ont pu s’élever de 82 millions à peine en 1895 à 126 millions en 1902 et nos ventes de modes et fleurs artificielles, de 44 millions en 1892 à 136 millions en 1902. Si ce commerce est aussi prospère, c’est d’abord, assurément, que le goût des Anglaises pour la toilette s’est fort développé, mais c’est aussi que nos exportateurs en cette branche ont montré une activité digne d’être citée en exemple à tous nos compatriotes faisant des affaires au dehors. « Deux de nos plus grands couturiers, dit M. Périer, ont déjà des succursales à Londres ; la Samaritaine vient d’ouvrir un magasin dans Régent Street. L’envoi de catalogues rédigés en anglais, avec des mesures anglaises et les prix exprimés en monnaie anglaise, serait, sans doute, une excellente chose ; le Bon Marché doit être félicité pour avoir adopté cette intelligente initiative. »

Les Anglais sont aussi les meilleurs cliens de beaucoup d’autres industries de luxe françaises. Personne n’apprécie plus qu’eux les fins produits de nos fabriques de porcelaine de Limoges, de nos cristalleries de Baccarat. Aussi envoyons-nous à l’Angleterre des porcelaines, faïences et verreries pour 15 millions et demi selon la douane anglaise, pour 21 millions selon la française, soit 36 pour 100 de nos exportations, malgré la puissance des industries similaires anglaises et la redoutable concurrence de l’Allemagne.

Notre industrie automobile, si jeune et si importante déjà, trouve de même outre-Manche son plus vaste débouché. L’initiative prise ici par la France prouve que nous n’avons rien perdu de notre génie d’invention ni même d’application. Elle a été favorisée par l’admirable état de nos routes, les plus belles du monde,