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le plus acharné contre la France, et par ses rapports avec l’aristocratie cardinalesque de Bernis, le tableau du prix de Gauffier soit descendu ou qu’il soit tourné vers la muraille dans la même place qu’il occupe, jusqu’à ce qu’il soit bien constaté qu’il a prêté le serment ordonné par le nouvel Édit au grand Duc ; 5° que, comme le nommé Desmarais est émigré à Pise et intimement lié avec Tierce, peintre, également émigré à Livourne, et dont les fils portent la cocarde blanche ; et que ce Desmarais étoit intimement lié avec Corneil, Fabre, Gagnereaux l’aîné, Gauffier et plusieurs autres dont ils peuvent donner les noms ; que plusieurs artistes au dehors semblent balancer entre l’émigration et la rentrée dans leur patrie ; ils demandent pour fixer leur irrésolution qu’il soit accordé deux mois aux artistes seulement qui sont en pays ennemis et qui ne sont que suspects, après lequel tems ils seront regardés comme émigrés et mis hors la loi ; 6° enfin ils demandent que les noms des traîtres émigrés soient envoyés à leur département respectif pour y être inscrits sur la liste des émigrés. Les artistes au nom desquels est fait le rapport du citoyen Wicar sont les citoyens Lafitte, Meynier, Gois fils, Michalon, Dandrillon, Moinet, Varon, Debure, Gérard et Bidan fils, la plupart pensionnaires de la République. »

Quelques jours plus tard, on revient à l’affaire Wicar, qui est assez vivement discutée.

« L’un des commissaires chargés de la rédaction d’une pétition sur la demande précédemment faite par les artistes nouvellement arrivés d’Italie fait un rapport sur cet objet dans lequel il develope les motifs qui les ont dirigés. Après l’examen des pièces qui ont servi de base à la dénonciation, ils pensent que la Société ne pourroit sans partager les crimes des dénoncés ne pas appuyer la pétition de ses frères artistes, et, n’ayant pas vu les faits, ils se bornent à demander qu’elle les accompagne à la barre pour demander que le Comité de Salut public examine les faits, approuvant d’ailleurs la destruction des ouvrages énoncés dans la dénonciation, en les livrant aux flammes ainsi que les tableaux de Doyen, Menageot, et autres artistes émigrés ; le portrait d’Angiviller, et un mauvais bas-relief représentant les arts prosternés devant un despote corrompu. »

Un membre s’oppose à cet acte de vandalisme inutile. Le fait que les accusés sont à deux cents lieues de Paris plaide en faveur de la modération. Où sont les preuves de leurs crimes ? Et,