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POÉSIE

VEILLEE DE NOËL


Dehors, c’est un confus murmure, un vague bruit.
On dirait un léger bourdonnement d’abeille.
Et, dans la chambre tiède et bien close où je veille,
J’écoute au loin sonner la messe de minuit.

Je songe, en tisonnant la braise qui s’écroule.
Que pour moi, vieux pécheur, a retenti la voix
Des cloches de Noël vainement tant de fois ;
Et voilà les regrets qui m’assaillent en foule.

Car je serai jugé bientôt, — qui sait ? — demain ;
Et cependant, pareil à la mer sur les côtes.
Monte toujours en moi le flot lourd de mes fautes,
Et j’en fais tristement le sévère examen.

C’est donc vrai. J’ai vécu si longtemps près des fanges
Où mes pieds imprudens souvent se sont plongés,
Et je n’ai pas suivi l’étoile des bergers.
Et je suis resté sourd au chœur d’appel des anges !

O nuit de Bethléem, en ton suave azur,
A présent je vois l’astre et j’entends le cantique.
Pourtant, bien qu’éclairé par ta splendeur mystique,
Suis-je vraiment meilleur ? Suis-je un peu moins impur ?