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confuse des événemens. Les cinquante photogravures Goupil tirées en taille-douce, les deux planches hors texte en fac-similé en couleurs, les quarante en camaïeu, qui toutes ont été relevées pour cette publication d’après des miniatures, des dessins, des portraits authentiques et des pièces anciennes, et dont quelques-unes sont des merveilles de reproduction, ajoutent encore à l’intérêt du texte.

Parmi tous les ouvrages originaux consacrés à l’art, il faut mettre en première ligne la magnifique publication sur l’Art byzantin[1], due à la collaboration de M. Al. Gayet, pour le texte, et de M. Charles Errard pour le dessin et l’aquarelle ; d’une érudition aussi solide que l’exécution en est de tous points parfaite. C’est à la fois une étude originale d’archéologie et d’histoire et une monographie artistique du plus haut prix que ce deuxième volume consacré à Parenzo[2]. La Société française des éditions d’art l’a édité avec un luxe et surtout un goût qui lui font le plus grand honneur. Parenzo, dont l’histoire se confond avec celle du reste de l’Istrie et de Pola, sa capitale, si florissante sous la domination romaine, dut son importance à sa position sur l’Adriatique. Elle avait reçu de bonne heure l’Évangile, — en 276, — Haric, évâque d’Aquilée, y avait enseigné la foi nouvelle. Soumise en 493 à Théodoric, elle resta aux mains des Goths jusqu’à la conquête de Bélisaire. en 539. Aux temps gothiques succédèrent les temps byzantins. Le premier évêque d’Istrie avait été nommé sous le règne prospère de Théodoric, en 524 ; les institutions de l’Église se consolidèrent avec la tutelle byzantine. Justinien ne changea pas grand’chose aux usages établis. Ce fut ainsi qu’à cette époque, Eufrasio, décurion de Pola, fut élevé à l’évêché de Parenzo et devint le fondateur de la basilique, commencée vers 539 et terminée en 543, qui nous offre, sous le rapport de l’architecture et de la décoration, un des spécimens les plus complets de l’art byzantin. L’église du Dôme est un type parfait de la basilique à trois nefs des premiers temps du christianisme. Son plan a conservé l’intégrité absolue de ses premières dispositions ainsi que celles de l’atrium, et du baptistère à piscine pour le baptême par immersion, qui s’y trouvent réunis. Des analogies frappantes relient le style de Saint-Vital de Ravenne à celui du Dôme de Parenzo. Ce sont les mêmes décors dans l’arc triomphal de l’une et l’autre basiliques, les mêmes sculptures, les mêmes mosaïques, le même symbolisme du décor. Dans l’une et l’autre, on retrouve les mêmes marbres grecs, des colonnes, des portes, des chapiteaux identiques,

  1. Société française des éditions d’art
  2. Société française des éditions d’art