Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/870

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plètement éclairés sur la présence de l'armée du Prince royal entre la rive gauche du Rhin et les Vosges, le maréchal de Mac-Mahon pouvait jeter une garnison dans Strasbourg, laisser une division pour défendre pied à pied les défilés des Vosges, et se dérober.

Alors, en se réunissant à Bitche au corps du général de Failly (5e), il pouvait rallier notre masse principale pour livrer bataille aux 1e et 2e armées prussiennes, avec une supériorité numérique certaine.

En effet, le 4 août 1870, notre ler corps est réparti entre Reichshoffen, Soultz et Wissembourg. Le 5e est entre Bitche et Sarreguemines ; le 2e corps, autour de Forbach et de Spickeren ; le 3e entre Saint-Avold, Boulay et Teterchen ; le 4e, à Bouzonville et Teterchen. Un faible garde-flanc à Sierck. La Garde entre Boulay et Courcelles.

Il y a 60 kilomètres, de Soultz à Sarreguemines, dont 35 de Soultz à Bitche ; 40 kilomètres, de Boulay à Forbach.

Il était donc facile de réunir l’armée, le 5 août, entre Holkingen (10 kilomètres ouest de Forbach) et Bitche, sur un front de 50 kilomètres.

Dans la journée du 6, les 4e, 3e, 2e, 5e corps et la Garde pouvaient s’engager de front entre Volklingen et la Blies, tandis que le 1er corps (en grande partie) eût débouché par Bliescastel sur le flanc gauche de la 2e armée prussienne, en laissant une ou deux divisions (dont celle du 7e corps) aux défilés des Vosges.

Le 5 août, les Allemands ont quatre corps d'armée en première ligne (7e, 8e', 3e, 4e) à une journée de marche de la Sarre ; le 10e corps et la Garde sont à 30 kilomètres en arrière. Peut-être auraient-ils pu intervenir en partie dans une partie générale livrée le 6. Mais les 9e et 12e corps étaient hors de portée.

Le 5 août, la manœuvre qui vient d'être indiquée pour le 4 était encore possible. Au lieu de porter en avant les 2e, 4e corps et la Garde, il suffisait de faire reculer le 2e corps à hauteur des autres, pendant que le 1er tenait Bitche. On pouvait ainsi préparer une grande bataille, pour le 7, entre Creutzwald et Sarreguemines.

L'armée française n'était donc pas en cordon, et ses dispositions initiales n'étaient pas défectueuses.

Ce n'est pas l'étendue du front initial qu'il faut inculper, mais l'immobilité des troupes.