Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/886

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les combats du début de la guerre, le mouvement tournant redouté fut déjoué par une rapide extension de leur front.

« Mais tout système a ses points faibles, quoique, dans certaines conditions, il puisse donner de brillans résultats. Ce point faible réside dans les flancs et dans le manque de réserves, parce que ces dernières doivent alors être employées pour le prolongement du front...

« Le prolongement de la position a ses limites, quand ce moyen est employé contre de bonnes troupes européennes. Si le front est tenu trop faiblement, la ligne peut être percée et dispersée d’après les anciennes méthodes, et alors les masses de cavalerie pourraient cueillir des lauriers sur le champ de bataille, comme par le passé.

« Des positions simples, avec des approches qui offrent de bons champs de tir sur les flancs, et permettent de transporter le front plus loin, seront dans l’avenir plus convenables pour la partie faible de la ligne.

« Les forces, toutefois, ne devront pas être disposées en lignes rigides, mais bien échelonnées jusqu’à une certaine distance derrière les flancs.

« En ce qui concerne la mobilité et la nécessité pour l'assaillant de manœuvrer avant de frapper, nous devons examiner le phénomène le plus nouveau de la guerre sud-africaine, c’est-à-dire l’emploi de l’infanterie montée en grande quantité.

« On a prophétisé un grand avenir à cette arme pour les guerres futures, mais, ce faisant, on a oublié de considérer à quel point les forces sont différemment groupées en Europe lorsqu’une guerre éclate.

« Toutefois, si, dans une guerre de l'Ouest à l’Est, les événemens se déroulaient sur la frontière russe d’une manière analogue à ceux que nous avons décrits pour la campagne sud-africaine, nous pourrions penser à employer de grands corps d’infanterie montée. Il y aurait assez d’espace pour de grandes expéditions dirigées contre les derrières de l’ennemi, autour de ses flancs. Cet espace, cependant, n’est pas suffisant, comme nous l’avons cru, quand il s’agit des gigantesques armées européennes, et ce qui peut être invoqué en faveur de l'infanterie montée n’y joue aucun rôle.

« Dans les opérations éloignées du principal théâtre de la guerre, l’infanterie montée pourra rendre de bons services,