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mettre en chantier avant la fin de l’exercice 1902, outre diverses autres unités, quatre scouts ou « éclaireurs, » type de navire très rapide, qui faisait pour la première fois son apparition dans un programme naval. Le scout aurait un faible déplacement, 2 800 tonnes ; il aurait pour toute protection un pont d’acier de 38 millimètres, mais une force de 17 000 chevaux lui assurerait une vitesse de 25 nœuds.

L’effectif de la flotte était accru de 3 875 officiers, matelots et chauffeurs, et porté à 122 500 hommes. La somme de 782 millions, à laquelle s’élevait le total des crédits proposés, représentait, à 2 millions près, le montant des budgets maritimes combinés de l’Allemagne, de la Russie et de la France pour la même période. Les Anglais acceptaient avec impassibilité cette énorme dépense et étaient même prêts à donner davantage, à la condition d’être bien assurés qu’ils en auraient pour leur argent. Les crédits pour la construction (bâtimens neufs et réfections) et pour l’artillerie s’élevaient ensemble à 18 500 000 livres sterling (465 millions de francs). Les travaux avaient été si activement poussés que les chantiers privés et les arsenaux, après avoir lancé en 1901, un total de 49 bâtimens, en avaient 87 en construction en 1902-1903. Dans ce seul exercice, dix-huit nouveaux navires furent ajoutés à la liste de la flotte active.

Quant au budget de 1903-1904, il dépasse £ 34 millions pour la marine proprement dite et £ 4 millions pour les travaux des bases navales. C’est un total de près d’un milliard de francs, qui commence à étourdir quelque peu l’opinion publique en Angleterre. La conviction générale est pourtant que la limite n’est pas atteinte et que ce budget devra s’enfler encore.


VII

Seulement l’Angleterre en pourra-t-elle porter la charge, si d’autre part les dépenses pour l’armée de terre doivent suivre une progression parallèle ? et comment en serait-il autrement après les expériences et les révélations de la guerre contre les Boers, si la Grande-Bretagne veut avoir, avec une marine, une armée de terre ?

M. Brodrick, qui était encore à cette époque, ministre de la guerre, a développé, le 10 mars 1903, à la Chambre des Communes, son plan de réforme de l’armée et la justification des